« Chez Colette Creuzevault » sous le marteau d’Ader
Quiconque a poussé la porte de la galerie Colette Creuzevault au 58, rue Mazarine, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris, se souvient d’un espace tout en long, assez bas de plafond, au fond duquel se trouvait le bureau de la célèbre galeriste parisienne. Elle assurait en personne la présentation de la galerie et des artistes, n’hésitant pas à plonger dans la petite réserve pour revenir avec une sculpture en bronze ou un livre-objet qu’elle avait elle-même édité et qui correspondait, presque à chaque fois, à votre budget. Elle était la fille d’Henri Creuzevault, relieur du Bestiaire, ou Cortège d’Orphée de Guillaume Apollinaire illustré par Raoul Dufy, devenu, après-guerre, marchand d’art, défenseur passionné du surréalisme et surtout de la sculpture. À la mort de son père en 1971, Colette repris avec passion son travail, développa et enrichit les liens tissés avec les artistes auxquels elle sera jusqu’au bout restée fidèle.
Après trois vacations organisées par la maison De Baecque et Associés, c’est au tour d’Ader de finaliser la dispersion des œuvres d’art de sa collection. Si elles ont toutes été accrochées, à un moment ou un autre, sur les murs de la galerie, elles ont aussi parfois décoré son hôtel particulier du 16e arrondissement de Paris. On y retrouve les plasticiens dont les noms ont toujours été associés aux Creuzevault. Germaine Richier est présente avec un bronze polychrome, Le Chardon (Soleil), dit aussi Le Chardon peint, pièce unique datée de 1959 (est. 50 000-80 000 euros). On ne dénombre pas moins de 38 sculptures de César, dont un bronze intitulé Valentin dit Uccello ou Le Valentin di Pino, estimé entre 20 000 et 30 000 euros. On sait que Niki de Saint Phalle tenait une place à part dans le cœur de Colette Creuzevault. Rien d’étonnant donc à ce que trône, dans son salon, le siège-sculpture anthropomorphe Clarisse, estimé lui aussi entre 20 000 et 30 000 euros.
« Collection Colette Creuzevault partie IV, Chez Colette Creuzevault », mercredi 30 octobre 2024, Ader, Hôtel Drouot, 75009 Paris.
Artistes de la diaspora grecque en France chez Piasa
Colette Creuzevault possédait dans sa collection huit œuvres de l’artiste grec Alekos Fassianos. Elle aurait sans doute été heureuse de le retrouver en bonne place, dans le focus consacré aux artistes de la diaspora grecque en France au sein de la vente dédiée à l’art contemporain chez Piasa. « Les lots 7 à 50 s’inscrivent dans la continuité du travail initié par Piasa dès 2012 en faveur de l’art contemporain grec, commente Laura Wilmotte-Koufopandelis, responsable de cette section de la vente. Ils proviennent en partie d’une collection européenne et comportent plusieurs raretés dont l’une des toutes premières sculptures de Takis, Cycladique, (est. 8 000-10 000 euros), réalisée en 1954 et provenant de la collection du légendaire galeriste Alexandre Iolas. » Parmi les autres pièces remarquables, six œuvres, donc d’Alekos Fassianos proviennent de la galerie Paul Facchetti, qui a exposé l’artiste alors qu’il était toujours étudiant aux Beaux-Arts de Paris (Le Rameau, 1966, est. 8 000-12 000 euros), un tampon jex sur panneau de Pavlos ; Forêt et arbres, vers 1974, acquise directement auprès de l’artiste, qui, selon Laura Wilmotte-Koufopandelis, « n’a utilisé cette technique qu’entre 1965 et 1968 » (est. 25 000-35 000 euros). La vente permet de découvrir une sculpture tridimensionnelle de Constantin Andréou, Œil du XXe siècle, estimée entre 8 000 et 12 000 euros. Avec une installation de 1988 (est. 7 000-9 000 euros), la vente offre par ailleurs un nouvel éclairage sur l’œuvre de Constantin Xenakis qui mêle ésotérisme, hiéroglyphes égyptiens et Code de la route !
« Art moderne et contemporain, artistes de la diaspora grecque en France », mercredi 30 octobre 2024, Piasa, 118, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris.