Que change pour la foire cette installation au Grand Palais ?
Le volume global est, dans l’ensemble, comparable à celui de la FIAC, tout comme la taille des stands. Les améliorations des conditions d’accès, comme les ascenseurs ou les sorties de secours, réduisent l’espace disponible. Les plus grands stands font environ 77 m2, contre 66 m2 au Grand Palais Éphémère pour l’édition de l’an dernier.
Comment le comité a-t-il sélectionné les nouveaux exposants ?
Une quarantaine de galeries supplémentaires ont été ajoutées par rapport à l’édition 2023 au Grand Palais Éphémère. Le comité a souhaité mettre en avant des régions moins représentées jusqu’alors, en accordant une attention particulière au pourtour méditerranéen. Pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, nous accueillons la galerie Loft de Casablanca et de Marrakech, première enseigne marocaine à participer à Art Basel ; Selma Feriani de Tunisie, Dvir de Tel Aviv, Paris et Bruxelles ; deux galeries libanaises de Beyrouth, Marfa’ et Sfeir Semler (également basée à Hambourg), Athr Gallery (Djeddah, AlUla, Riyad) venue d’Arabie saoudite ; et The Pill, d’Istanbul. Deux galeries sud-africaines participent pour la première fois : Goodman Gallery dans le secteur principal et Whatiftheworld (Le Cap) dans le secteur Emergence. Enfin, pour les nouveaux venus, citons Nara Roesler, basée au Brésil et à New York, des galeries américaines comme Lehmann Maupin, Casey Kaplan, etc., ainsi qu’une galerie de Chine continentale, Vitamin Creative Space, et une autre de Hong Kong, Kiang Malingue. Sans compter les cinq galeries japonaises cette année ! Nous nous réjouissons de cette forte diversité géographique.
Qu’en est-il des jeunes galeries ?
La Foire a fait un effort assez notable pour accompagner de jeunes galeries en transition vers une position de marché, afin de ne pas les maintenir trop longtemps dans des secteurs thématiques. C’est un enjeu écosystémique et générationnel pour nous, à Art Basel. Lorsque nous avons estimé qu’une galerie pouvait franchir un cap, le comité a souhaité la faire entrer dans le secteur Galeries, malgré son aspect très concurrentiel à Paris où nous avons assez peu d’espace comparé à Bâle ou Miami Beach. Certaines ont par exemple opté pour des espaces partagés ; je pense à Felix Gaudlitz de Vienne et LC Queisser de Tbilissi, qui étaient dans le secteur des galeries émergentes l’an dernier et passent maintenant dans le secteur principal avec un stand partagé ou sans titre, de Paris, qui suit le même chemin, cette fois avec son propre stand. C’est toujours la qualité de la programmation qui prime.
Vous lancez un nouveau secteur, Premise…
Premise se distingue des autres secteurs d’Art Basel à Bâle par le fait qu’il ne comporte que peu, voire aucune restriction concernant la typologie des oeuvres présentées (peintures, sculptures, installations, etc.) et qu’il peut inclure des pièces antérieures à 1900. L’objectif est de créer un espace de liberté curatoriale au sein de la foire. Les projets couvrent toutes les périodes jusqu’à la fin des années 1980, puisque la galerie Bombon Projects de Barcelone présente des bandes dessinées de Nazario, l’un des dessinateurs les plus sulfureux d’Espagne en pleine transition entre le franquisme et la liberté, avec des dessins queer éloquents. On y verra aussi, entre autres, des oeuvres du Douanier Rousseau et de Séraphine Louis à la galerie parisienne Dina Vierny encore Nil Yalter chez The Pill, d’Istanbul et Paris.
Peut-on parler de décloisonnement ?
Le moment est propice à la réécriture des canons de l’art, comme on a pu le voir notamment lors de la Biennale de Venise ou de la Documenta de Cassel. Si ce rôle revient plutôt aux institutions, celui du marché est de rendre compte, à l’instant T, des différents débats et mouvements en cours dans la création. Une foire est un outil du marché, mais elle produit aussi un discours sur le marché. Il nous incombe aussi, à Art Basel, de rendre plus visibles les oeuvres d’artistes jusqu’ici invisibles ou sous-évalués, et de témoigner des nouvelles géographies.
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Art Basel Paris, du 18 au 20 octobre 2024, Grand Palais, 3, avenue du Général-Eisenhower, 75008 Paris.