La Collection Claire Durand-Ruel à Drouot
Claire Durand-Ruel ne se considère pas vraiment comme une collectionneuse mais davantage comme une « militante ». Les œuvres qu’elle a acquises au fil des années soulignent entre autres son engagement en faveur de la scène artistique contemporaine française. La vente organisée jeudi 3 et vendredi 4 octobre par la maison Giquello semble plus proche d’une curation que d’une simple dispersion : elle parle d’une histoire de rencontres, questionne les sensibilités. Pas question pour Claire Durand-Ruel de céder les pièces d’artistes contemporains qu’elle a pu rencontrer : « J’ai demandé à des plasticiens dont je suis très proche de proposer une ou plusieurs de leurs créations pour accompagner ma collection d’arts premiers et d’archéologie, raconte-t-elle. Tous ceux que j’ai sollicités ont joué le jeu ». Le but de cette vente est de rendre possible un nouveau défi artistique qui doit prendre place dans une ancienne ferme située en Normandie, à deux heures de Paris. « L’objectif est d’y faire œuvrer et réfléchir les artistes de notre temps, en particulier ceux que je pourrais qualifier comme faisant partie de ma famille. Le but : les inciter à ne pas seulement faire des œuvres pour quelques-uns mais surtout tenir et assumer leur rôle de formidables activateurs d’imaginaire. Proposer des idées susceptibles de nous éloigner des radicalités parfois violentes qui émergent partout, en particulier dans le domaine agricole », écrit Claire Durand-Ruel dans le catalogue de la vente. Et de poursuivre : « Comme je l’ai promis à mon amie Chantal Cusin Berche avec qui nous avons élucubré sur ce projet jusqu’à ses derniers instants. Je souhaite que cette vente soit un succès, pour elle, pour les artistes, pour mes filles et pour mon projet ».
La dispersion comprend des œuvres d’artistes soutenus par des galeries – tels Nicolas Darrot, avec Dronecast #B15, de 2024 (est. 2 000-3 000 euros) ; Lionel Sabatté avec Pollen plume, de 2022 (est. 6 000-8 000 euros) ou Alexandre et Florentine Lamarche-Ovize avec Barbodoigts (hibou), de 2023 (est. 4 000-6 000 euros). Ce n’est pas le cas pour d’autres, dont Jessy Deshais (Masolino a Castiglione Olona, 2018, est. 2 500-3 000 euros) ; la photographe Olivia Gay (Passages, 2024, est. 2 000-3 000 euros) ou encore Ange Ballan (L’arbre, 2017, est. 1 500-2 000 euros). Ils accompagneront des objets d’art parfois très anciens venus d’Égypte, d’Extrême-Orient ou d’Afrique, tous issus d’une collection initiée par le père de Claire Durand-Ruel. Parmi ces pièces, le reliquaire Kota-Shamaye provenant du Gabon (est. 100 000-150 000 euros) fait figure de chef-d’œuvre.
Archéologie contemporaine, jeudi 3 et vendredi 4 octobre 2024, Giquello, Hôtel Drouot, 75009 Paris, www.giquelloetassocies.fr
Les céramiques de Gilbert Portanier dispersées dans son atelier à Vallauris
« C’était un artiste qui vivait dans son propre musée, confie Julien Pichon, commissaire-priseur de l’étude Azur Enchères à Cannes. Nous proposons dans cette vente de l’atelier du peintre-sculpteur-céramiste Gilbert Portanier, disparu l’an dernier, une immersion totale dans l’univers d’un des derniers représentants de ce que fut Vallauris dans les années 1950 et jusqu’à la fin des années 1980 ». La vacation regroupe, samedi 5 octobre, une sélection de 193 pièces d’un créateur bien connu des amateurs, présent dans nombre de collections publiques ou privées, mais finalement assez discret sur le marché de l’art. L’artiste se présentait, dans le portrait que lui consacrait la série Terra Artistika (Triangle 7 et TeaMojito productions, 2019), comme un céramiste « Profondément peintre » qui voulait « Exprimer dans (son) travail, la joie de vivre et la partager ». Les œuvres présentées dans le catalogue reflètent tout le savoir-faire d’un sculpteur dont les qualités techniques lui ont permis de façonner l’argile rouge de Vallauris, tout comme la terre chamottée ou le grès. Présentée par chronologie et par décennie, la vente apporte un éclairage nouveau sur l’évolution d’un style qui débute, au début des années 1950, par la réalisation de plaques, de coupes et de plats émaillés et peints (dont un important Plat tondo, de 1958, estimé entre 2 500 et 3 500 euros), et qui évolue ensuite, grâce à la terre chamottée, vers l’abstraction. Celle-ci s’illustre notamment par cette Boîte couverte, de 1960 (est. 2 000-3 000 euros), ou la série des Vases Diabolo, réalisés en 1976 et estimés entre 1 500 et 2 000 euros.
« Collection de 193 céramiques de Gilbert Portanier (1926-2023) provenant de son atelier », samedi 5 octobre 2024, Azur enchères Cannes, à l’atelier de l’artiste, 8 rue Gilbert Portanier (anciennement Chemin des Potiers), 06220 Vallauris, www.azurenchères.com