Comment est né le projet de création de cette nouvelle foire ?
Depuis mon arrivée à Paris, j’ai eu la chance de travailler pour des institutions magnifiques comme le musée du Louvre et le Grand Palais. Ces expériences m’ont permis de découvrir la scène européenne, les événements qui s’y déroulent, et surtout à quel point Paris et les collectionneurs français sont curieux, avides de nouvelles cultures et scènes artistiques, et ont soif d’innovation. Cela m’a aussi permis de faire le tour des manifestations qui existent déjà dans la capitale, et de réfléchir à celles qui n’existaient pas encore.
Fonder une Foire d’art latino-américain était pour moi presque une évidence. Il y a un vide sur le marché. Depuis des années, des galeries, fondations et institutions travaillent à promouvoir la scène et le marché latino-américains en France, et j’ai compris qu’il était temps de montrer cette scène magnifique, et son rayonnement, qui n’a rien à envier aux autres scènes, elle vient au contraire les compléter. Paris m’a ouvert ses portes; aujourd’hui, je suis heureuse de lui ouvrir celles de l’Amérique latine.
L’art latino-américain était déjà présent sur des Foires comme Art Basel Miami Beach ou ARCOmadrid, mais n’avait pourtant jamais fait l’objet d’une « foire dédiée »…
En effet, il y a eu des initiatives en Europe, cependant jamais une foire dédiée entièrement à l’art latino-américain n’avait été créée, non seulement en France, mais encore dans toute l’Europe. Je pense que cela est dû en grande partie aux défis, notamment logistiques, qu’un tel projet implique, ainsi qu’à un marché de l’art plutôt saturé en Europe et, enfin, aux différences culturelles. Ce sont les trois difficultés auxquelles je dois faire face aujourd’hui.
Quelle est la part de galeries d’origine latino-américaine parmi les exposants ?
Nous avons Proyectos Monclova [Mexico] et El Apartamento, qui sont à la fois exposants et membres de notre comité de sélection. Je suis fière de les avoir toutes les deux. Proyectos Monclova est l’une des galeries les plus importantes du Mexique; elle participe aussi bien à des foires comme Zona Maco ou ArtBasel qu’à des événements notables telle la Biennale de Venise à travers ses artistes. C’est la première fois qu’elle expose sur une foire d’art à Paris.
Quant à El Apartamento, actuellement la galerie cubaine la plus forte, basée à la fois à La Havane et à Madrid [depuis juin 2023], elle promeut depuis des années le travail de formidables artistes latino-américains en Europe, tels Alex Hernandez, Diana Fonseca, Juan Carlos Alom, Pablo Linsambarth ou Roberto Diago. Nous avons de plus la galerie Revolver, une enseigne péruvienne installée à Lima, mais aussi à New York, et prochainement à Buenos Aires, en Argentine, qui représente parfaitement l’esprit de la Foire. La galerie colombienne Elvira Moreno [Bogota] est également des nôtres.
Est-ce que selon vous l’art latino-américain peut monter en puissance à Paris ?
Absolument ! Oui, il y a quelques défis, mais je suis sûre que, grâce à la technologie et à un monde de plus en plus connecté, nous sommes beaucoup plus accessibles. Nous assistons à l’essor de l’art latino-américain, et MIRA prend part au travail que les galeries et les institutions ont déjà accompli, comme à la Biennale de Venise 2024, dirigée par le Brésilien Adriano Pedrosa, lequel y a mis en lumière l’art contemporain latino-américain. Les acquisitions d’œuvres d’art latino-américain par des musées comme le MoMA [Museum of Modern Art], à New York, ou la Tate Modern, à Londres, ont en outre contribué à légitimer et diffuser le travail de ces artistes à l’échelle internationale. Mais il n’y a pas que les artistes, les critiques et commissaires d’exposition latino-américains commencent aussi à faire entendre leur voix.
Les artistes que vous montrez ont-ils déjà une visibilité institutionnelle en France ou en Europe ? Ou bien sont-ils de vraies (re)découvertes ?
Nous avons de tout ! Des artistes établis avec de longues carrières, tel Joaquín Torres-García, un peintre, sculpteur et théoricien de l’art uruguayen reconnu pour son style constructiviste et son influence sur l’art moderne latino-américain ; comme des artistes émergents, telle la Colombienne Camila Rodriguez Triana. Nous avons d’ailleurs la chance d’accueillir au sein de MIRA une exposition des collectionneurs de l’Adiaf [Association pour la diffusion internationale de l’art français] qui présentent leurs œuvres d’artistes latino-américains. Notre ambition est d’offrir un espace où le public pourra voir le meilleur de l’Amérique latine et s’émerveiller. Je veux envoyer un souffle venu de cette région du monde et faire en sorte que les Français en redemandent !
Que proposez-vous autour de la Foire et pour le reste du programme ?
Pour la Foire, nous prévoyons une série de conférences avec des critiques d’art, des artistes et des conservateurs, afin d’approfondir les thèmes abordés par les œuvres exposées. Sont en outre programmées des performances et des manifestations culturelles dans le but de mettre en lumière la diversité et la richesse de la scène artistique latino-américaine.
La Maison de l’Amérique latine, où se déroule la Foire, accueille également au sein de son jardin des sculptures de nos artistes. Enfin, un programme d’expositions dans différentes galeries et institutions parisiennes (notamment les galeries Continua et Mayoral, la Fondation Cartier pour l’art contemporain, le Centre Pompidou, le musée du Louvre, le musée du quai Branly – Jacques Chirac…) est proposé aux visiteurs, ainsi que des événements spéciaux de qualité pour nos VIP.
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MIRA Art Fair, 18-22 septembre 2024, Maison de l’Amérique latine, 217, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris.