Expressionnisme, École de Paris et art abstrait
La galerie Fricker n’est sans doute pas la plus connue des enseignes parisiennes et elle n’a pas aujourd’hui l’aura de ses consœurs de l’époque, la Galerie de France, ou les galeries Jeanne Bucher ou Paul Facchetti. Elle a été créée au début des années 1950 sous l’impulsion de Jacques et Micheline Fricker, qui s’installent alors au 177 boulevard Haussmann à Paris. Passionnés par l’expressionnisme allemand de l’entre-deux-guerres, les Fricker organisent, en 1956, la première exposition en France du peintre Alexej von Jawlensky (Jacques Fricker rédigera la préface de l’exposition monographique dédiée à l’artiste au musée des beaux-arts de Lyon en 1970). Le couple se consacre ensuite à la promotion de la seconde École de Paris puis à l’art abstrait. Le fonds de la galerie dispersé par la maison Gros et Delettrez reflète cet éclectisme. La vacation présente des peintres peu connus aujourd’hui, tel que Georges Émile Capon (trois huiles sur toile estimées entre 300 et 500 euros chacune) ou des œuvres singulières d’artistes plus confirmés, comme ces techniques mixtes sur papier de l’Espagnol Miguel Berrocal (est. entre 100 et 250 euros). Parmi les pièces les plus intéressantes, une série de 22 huiles, pastels et fusains réalisés par l’un des pères du land art, Nils-Udo.
« Fonds de stock de la galerie Fricker », mardi 2 juillet 2024, Gros et Delettrez, Hôtel Drouot, 75009 Paris, www.gros-delettrez.com
Jean Hélion, une figuration radicale
L’exposition du musée d’Art moderne de Paris consacrée jusqu’au 18 août 2024 au peintre Jean Hélion, vingt ans après celle du Centre Pompidou, met en lumière une œuvre essentielle dans l’histoire de l’art mais encore peu connue du public. La maison Côte Basque Enchères présente de son côté, samedi 6 juillet 2024, une sélection de 18 peintures et dessins de l’artiste dont le plus ancien date de 1927 (Nature morte au broc et bouteille, est. 4 000-5 000 euros). À rebours de nombre de ses contemporains, Hélion abandonne définitivement l’abstraction dans les années 1950 pour se consacrer à la figuration. Il cultive alors une forme de radicalité qui lui vaudra un vif rejet des galeries et des institutions. Le portrait de sa femme, Pegeen Vail Guggenheim – fille de Peggy Guggenheim – estimé entre 4 500 et 5 000 euros et daté de 1955, soit un an avant leur séparation, illustre parfaitement sa démarche artistique. Moins significatives peut-être, mais très émouvantes, les œuvres de la fin de vie du peintre ont été réalisées alors qu’il avait pratiquement perdu la vue, dont cette huile sur papier Sous le parapluie, réalisée en 1982 (est. 1 500-2 500 euros).
« La petite campagne à Paris - Œuvres de Jean Hélion », samedi 6 juillet 2024, Côte Basque Enchères, 64500 Saint-Jean-de-Luz, www.cotebasqueenchères.com
Pop Art et Show Business
Conçue par Andy Warhol avec sa banane détachable, la pochette du premier album du Velvet Underground & Nico est l’une des plus emblématiques de l’histoire du rock. L’artiste réalisera par la suite plus de 50 pochettes de disque. Mick Jagger rencontre Warhol en 1964 lors d’un des premiers déplacements des Rolling Stones aux États-Unis. Le New-Yorkais vient de créer, en janvier, un atelier d’artiste qui deviendra vite célèbre, la Factory. L’amitié entre les deux hommes est immédiate. Cinq ans plus tard, Jagger demande à Warhol de concevoir l’illustration de l’album Sticky Fingers dont le gros plan sur une braguette masculine contribue à faire du disque un succès planétaire. En 1975, Andy Warhol profite du séjour de Jagger et de sa femme dans sa maison de Long Island, pour photographier la pop star et retravailler les clichés en sérigraphie. Les deux artistes, dont on a parfois pointé du doigt un sens aigu des affaires, ont ensuite décidé d’éditer la série en 250 exemplaires. Le portrait proposé par l’étude Tessier Sarrou, issu de la série, est estimé entre 40 000 et 60 000 euros. Un prix élevé pour un tirage relativement important : Warhol et Jagger, encore une fois avisés, ont pris soin de signer toutes les copies.
« Arts décoratifs du XXe siècle », vendredi 5 juillet 2024, Tessier-Sarrou & associés, Hôtel Drouot, 75009 Paris, www.tessier-sarrou.com