Ces dernières années, Art Basel semble accueillir plus de nouveaux exposants, s’ouvrir davantage...
Nous choisissons toujours les galeries selon la qualité de leur programmation et de leurs projets. Notre stratégie n’a pas changé. Cela dit, notre objectif est que l’événement Art Basel reste notre vaisseau amiral, une Foire forte, de par sa qualité, mais aussi sa représentativité. Pour 2024, nous avons sélectionné vingt-deux nouvelles galeries, réparties non seulement dans le secteur principal, mais également dans Feature et Statements. Il y a autant de compétition qu’à l’accoutumée : nous avons reçu le même nombre de candidatures que les années précédentes.
Quelles sont ces nouvelles galeries ?
Parmi les nouveaux participants, l’Asie est mieux représentée, grâce à l’arrivée de six enseignes, dont une venue d’Indonésie, une de Chine, et, pour la première fois dans le secteur Galleries, une de Taïwan, Tina Keng Gallery, ainsi qu’une de Shanghai, Madeln Gallery. Feature, consacré aux projets historiques, accueille Bank, de Shanghai également. Statements, dédié aux solo shows d’artistes émergents, est rejoint pour cette édition par ROH Projects (Jakarta) et Wooson (Daegu, Séoul). Selon l’UBS and Art Basel Art Market Report, en 2023, la Chine se place en deuxième position derrière les États-Unis...
De façon plus générale, à travers les nouveaux participants, la Foire ne cherche-t-elle pas à s’adapter à un changement de goût ?
Non, nous ne cherchons pas à répondre à un éventuel changement de goût des visiteurs, dans la mesure où nous ne les connaissons pas. Notre comité sélectionne les galeries en fonction, avant tout, de leur qualité. Il retient les voix les plus pertinentes sur le marché aujourd’hui. Le marché suit les meilleurs artistes.
N’y a-t-il pas une évolution progressive du profil des visiteurs ?
Il y a en effet un changement générationnel constaté aussi bien au Berlin Gallery Weekend qu’à Art Basel. En 2023, nous avons vu arriver de jeunes collectionneurs asiatiques très impliqués. En 2024, la fréquentation devrait être globalement intensifiée grâce à la Biennale de Venise, car beaucoup de visiteurs viendront d’au-delà des mers pour voir à la fois cet événement et Art Basel. Les années de Biennale sont toujours bénéfiques pour la Foire.
Vous étiez auparavant à la tête du Berlin Gallery Weekend. Êtes-vous chargée d’attirer davantage de collectionneurs allemands à la Foire ?
Pas spécialement. Chaque année, Art Basel attire un public international. Il y a un fort contingent en provenance de Suisse, d’Allemagne, mais également des États-Unis. Nous avons aussi un nombre de visiteurs français en hausse ! Ceci est probablement dû au réseau créé par la Foire Paris+ par Art Basel. L’Allemagne représente une forte part de visiteurs, mais nous travaillons à séduire des gens du monde entier à travers nos représentants VIP. À ce jour, nous avons des confirmations de participants de soixante-dix-huit pays qui ont promis de venir cette année, y compris de Taïwan, du Japon, du Vietman, de Shanghai. C’est une Foire extrêmement internationale.
Que représente le marché allemand ?
L’Allemagne arrive derrière les États-Unis, la Chine, le Royaume-Uni, la France et la Suisse... La part du marché allemand est relativement limitée, toutefois de nombreux mécènes allemands, des musées, constituant d’importants soutiens des galeries et de la Foire, ne ratent pas Art Basel. En règle générale, le marché allemand reste fort, comme en témoigne aussi la participation à la Foire de galeries majeures et de grande qualité basées outre-Rhin.
Peut-on dire qu’Art Basel et Paris+, désormais Art Basel Paris, ciblent un public différent ?
Je pense que les deux Foires sont fréquentées tant par les visiteurs américains qu’asiatiques. Les grands mécènes viennent aux deux. Toutefois, une partie des collectionneurs diffère entre les deux événements. Ceci est dû aux spécificités locales : tout comme pour nos foires à Miami ou à Hong Kong, nous travaillons sur une identité régionale très forte, connectée à l’écosystème d’institutions en place. Ce qui distingue Art Basel, c’est d’avoir 60 % de galeries européennes, une solide représentation de l’art moderne, et Unlimited, un secteur ambitieux et complexe, unique au monde. Art Basel Paris, c’est environ 40 % de galeries françaises, ou basées en France, c’est une Foire située dans une métropole artistique de premier plan. En résumé, l’ADN reste similaire – des foires très solides, d’un haut niveau et globales –, mais leur identité est distincte.
Cette année, le secteur Parcours est réorganisé, avec un nouvel emplacement...
Nous réfléchissons constamment à la meilleure façon de mettre en valeur les artistes. Nous avons décidé de déplacer Parcours à Clarastrasse, artère commerçante de Bâle, située plus près de la Foire, pour offrir un meilleur accès aux visiteurs, afin que cette exposition embrasse davantage les thèmes urbains comme la transformation, la circulation... Stefanie Hessler, directrice du Swiss Institute, à New York, commissaire pour la première fois de Parcours, a réuni vingt-deux œuvres, des peintures de Mandy El Sayegh aux installations de Rirkrit Tiravanija, réparties devant les restaurants, les hôtels, dans la rue, à des emplacements très diversifiés...
Quels autres changements sont à noter pour cette édition ?
Nous avons la participation nouvelle de l’hôtel Merian, situé au bord du Rhin, où nous présentons notamment une œuvre de Petrit Halilaj sur la façade. Le programme est très dense !
Comment le marché se porte-t-il dans cette période compliquée ?
Nous observons un marché plus tendu, pour les grandes comme pour les petites structures, qui doivent affronter la hausse des coûts de fonctionnement et d’activité, tel le transport. Nous réagissons en étant déterminés à faire venir le meilleur de la communauté artistique à la Foire, afin que le succès soit au rendez-vous pour les galeries. Les jeunes enseignes bénéficient du secteur dédié aux artistes émergents (Statements) où le prix de la location des stands est inférieur à celui fixé sur le secteur Galleries ; les premières années, il leur est d’ailleurs proposé un tarif préférentiel sur ce dernier secteur. Enfin, nous avons introduit il y a quelques années un prix au mètre carré proportionnel à la taille des stands, pour aider les plus petits exposants.
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Art Basel, 13-16 juin 2024, Messe Basel, Messeplatz 10, 4058 Bâle, Suisse.