Depuis le 15 avril et jusqu’au 30 juin 2024, le musée d’Art moderne de Paris restaure Rythme, décoration pour le Salon des Tuileries (Disques) de Sonia Delaunay (1938), l’une des pièces phares des collections permanentes de l’institution, offerte à la Ville de Paris en 1939. L’opération est réalisée avec le soutien du Art Conservation Project de la Bank of America.
L’œuvre monumentale (5,3 x 5,9 mètres) a été conçue comme partie d’un ensemble de sept grandes toiles pour les décorations du Salon des Tuileries de 1938. Elle y figurait aux côtés de peintures de Robert Delaunay (Rythme 1, Rythme 2 et Rythme 3), Albert Gleizes (deux Grande composition), André Lhote, et Jacques Villon (Grande Composition). Elles avaient été choisies par le comité de sélection du XVe Salon des Tuileries, dont le peintre fauve Othon Friesz faisait partie.
C’est en juin 2021 qu’une équipe de restaurateurs a examiné la composition. Son analyse a révélé « un constat d’état inquiétant ». L’immense toile présentait des faiblesses mécaniques. Certaines parties apparaissent « en tension », comportant des zones fragiles pouvant créer des ruptures.
Prévu pour durer deux mois et demi et se dérouler à la vue à des visiteurs car entrepris in situ, le chantier va permettre de consolider le châssis et de restaurer la couche picturale. Il a fallu coudre en amont à la machine les lés de la toile de renfort appliquée au dos de l’œuvre, puis décrocher le tableau et le déposer au sol sur un plancher spécifique qui a été réalisé pour accueillir la toile du côté peint.
Sonia Delaunay (1885-1979) et son mari Robert Delaunay (1885-1941) sont les fondateurs et les représentants de l’Orphisme, mouvement qui prône le pouvoir constructif et dynamique de la couleur. Rythme en est caractéristique, s’appuyant sur « la forme circulaire : déclinée en différentes tailles et en couleurs variées, elle est tantôt contour, tantôt plan, complète ou non », observe Guitemie Maldonado, contributrice du catalogue Sonia Delaunay, Les couleurs de l’abstraction (2014), et collaboratrice de notre journal.
L’artiste « est un "passeur" entre la génération des pionniers de l’abstraction et celle de l’après-guerre, qui se manifeste à travers les participations de Sonia Delaunay aux Salons des Réalités Nouvelles », précise le musée d’Art moderne de Paris.