Qu’est-ce qui rend Zona Maco unique dans le paysage des foires ?
Son format incluant quatre foires distinctes en une [design, antiquités, photographie et art contemporain] la rend singulière. La ville de Mexico joue également le rôle principal. L’écosystème culturel s’y est renforcé avec des institutions puissantes, des collections privées influentes, des galeries majeures. Sans comparaison en Amérique latine, il s’est encore enrichi ces derniers temps : lors de la Semana del Arte, de nombreux artistes, non seulement mexicains mais aussi latino-américains, participent avec des visites d’ateliers, des installations spécifiquement conçues pour des sites dans la ville… Autant d’événements liés à la Foire. La capitale vibre alors autour de l’art !
Mexico attire les artistes ?
En effet, la ville organise un solide programme de résidences, soutenu par les institutions, qui incite les artistes à y travailler. Il permet de montrer au public une grande diversité de pratiques, dont la performance, les interventions, notamment d’artistes internationaux qui accèdent à leur première exposition au Mexique.
Depuis votre nomination au printemps 2023, avez-vous eu le temps d’apporter des nouveautés à la Foire ?
Pour ma première édition en tant que directrice artistique, j’ai fait venir deux commissaires que je suis avec attention : Bernardo Mosqueira pour Ejes [section destinée aux projets émergents] et Louis Graham Castillo pour le secteur Foto. Ils apportent de nouvelles perspectives. En réalité, je connais déjà bien la Foire : en 2021, j’avais été conviée par Juan Canela, alors son directeur, pour être la commissaire du secteur Ejes. J’ai installé une vraie plateforme dédiée aux artistes et aux espaces émergents. Pendant deux éditions, j’ai diversifié ce secteur, en invitant des espaces d’exposition, des artistes en résidence, des artists-run-spaces. Ejes est une introduction à la Foire et sa section la plus abordable en matière d’achats.
Quel est le thème de Ejes cette année ?
Pour l’édition 2024, ce secteur explore les relations entre plaisir et politique. Les participants mettent en avant l’attention à l’autre, l’amour, l’intimité, la sexualité et aussi leurs rapports avec le champ du politique – dont la question du genre ou l’activisme – à travers des présentations allant du travail d’un à trois artistes. En tout, quelque trente projets sont proposés.
Quelle est la part de galeries internationales ?
Nous avons environ 40 galeries dont le siège principal est en Europe : Espagne, Italie, Belgique, France… Soit entre 20 et 25 % du total, ce qui est satisfaisant, après une participation internationale un peu décevante lors des dernières éditions. Nous avons par ailleurs des exposants venus du Mexique, du reste de l’Amérique latine, et bien sûr des États-Unis. Pour l’anniversaire de Zona Maco, et après la pandémie, des enseignes attachées historiquement à la Foire font leur retour.
Comment souhaitez-vous marquer les 20 ans de Zona Maco ?
J’ai mis en place le programme Forma pour rendre hommage aux galeries qui ont soutenu Zona Maco de longue date. Elles présentent des installations et des œuvres monumentales partout dans la Foire. Autre initiative, la création de l’Erarta Prize, un prix récompensant une œuvre choisie par les visiteurs et doté de 10 0000 dollars [91 750 euros] répartis à parts égales entre l’artiste et sa galerie. Une façon de mettre à l’honneur les trois piliers d’une foire!
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Zona Maco, 7-11 février 2024, Centro Citibanamex, avenida del Conscripto 311, 11610 Mexico, Mexique.