Paris dans les « starting-blocks » olympiques
Jusqu’en 1948, les médailles olympiques étaient décernées dans les domaines artistiques et sportifs. L’artiste français Albert Decaris est ainsi le champion olympique en titre dans la catégorie « gravure et eau-forte ». L’exposition « D’or, d’argent et de bronze » à la Monnaie de Paris (27 mars - 24 septembre) proposera de découvrir l’histoire des médailles tandis que le musée du Louvre va mettre en lumière les origines des Jeux olympiques (25 avril - 16 septembre). La dernière fois que Paris a accueilli les Jeux, c’était en 1924, quelques mois avant la publication des manifestes surréalistes. Le Centre Pompidou marquera ce moment avec l’exposition « Surréalisme : l’exposition du centenaire » (4 septembre - 6 janvier 2025). De l’autre côté de la Seine, le musée d’Orsay accueillera « Paris 1874 : Inventer l’impressionnisme » (26 mars - 14 juillet). Le Centre Pompidou rendra aussi hommage à la bande dessinée (29 mai - 4 novembre) tandis que « La naissance des grands magasins. Mode, design, jouet, publicité, 1852-1925 » au musée des Arts décoratifs (10 avril - 13 octobre) reviendra sur le shopping moderne.
Londres met les femmes à l’honneur
Londres semble revivre les Swinging Sixties : les Beatles et les Rolling Stones sont de retour dans les hit-parades, et Yoko Ono va bientôt revenir à l’affiche d’un musée. Et pas n’importe lequel : la Tate Modern organisera une grande rétrospective, sous le titre « Yoko Ono : Music of the Mind » (15 février - 1er septembre), qui présentera ses œuvres conceptuelles participatives (dont Cut Piece, dans laquelle les visiteurs coupaient des morceaux de ses vêtements), ainsi que les films et la musique qu’elle a réalisés avec et sans John Lennon. L’engagement infatigable de Yoko Ono à mettre en forme ses idées de manière ingénieuse lui a permis de consolider sa position de grande figure de l’avant-garde.
Yoko Ono sera l’une des nombreuses artistes féminines – toutes époques confondues – célébrées en 2024 à Londres. La Tate Britain proposera « Women Artists in Britain 1520-1920 » (16 mai - 13 octobre) – en complément de l’exposition « Women in Revolt ! » actuelle – qui mettra l’accent sur les luttes menées par ces artistes pour leur reconnaissance à travers les siècles. Elle remontera à la peinture du XVIIe siècle avec Mary Beale, admirée par le portraitiste Peter Lely, et à Laura Knight, la première femme artiste élue en tant que membre à part entière de la Royal Academy. Justement, la Royal Academy of Art consacrera une exposition à l’artiste néoclassique d’origine suisse Angelica Kauffmann (1er mars - 30 juin). Bénéficiant du soutien de Joshua Reynolds et d’une réputation considérable en tant que peintre de scènes historiques, elle a été l’un des membres fondateurs de la Royal Academy en 1768.
Le modernisme sera quant à lui abordé dans l’exposition « Vanessa Bell : a Pioneer of Modern Art » (25 mai - 6 octobre) de la Courtauld Gallery, tandis que ce focus sur les femmes artistes à Londres se poursuivra jusqu’à aujourd’hui avec Barbara Kruger (1er février - 17 mars) aux Serpentine Galleries. Enfin, l’exposition « Portraits to Dream In » de la National Portrait Gallery (21 mars - 16 juin) proposera une confrontation créative entre les photographes Francesca Woodman et Julia Margaret Cameron.
Bâle : plus qu’une foire
Bâle est l’une des villes d’art européennes les plus agréables à visiter. Bien que le monde de l’art international s’y rende principalement pour la foire annuelle Art Basel (13 au 16 juin), ses musées organisent toujours des expositions ambitieuses. « Matisse. L’Invitation au voyage » (22 septembre - 26 janvier 2025) à la Fondation Beyeler figurera en 2024 en tête de liste. Avec plus de 80 œuvres, l’exposition examinera comment les thèmes et motifs de l’artiste ont été influencés par le poème de Charles Baudelaire L’Invitation au voyage de 1857. Le Kunstmuseum proposera trois grandes expositions. Tout d’abord, « Dan Flavin : Dedications in Light » (2 mars - 18 août) présentera l’artiste américain, célèbre pour ses installations réalisées avec des néons fluorescents, sous un jour nouveau, en mettant l’accent sur la manière dont son travail a été lié aux événements de son époque, tels que les violences policières. « Made in Japan : estampes de Hiroshige, Kunisada et Hokusai » (16 mars - 21 juillet), présentée presque en même temps que « Dan Flavin », mettra en lumière le travail de trois des plus grands graveurs japonais du début du XIXe siècle. Les œuvres présentées ont été rassemblées il y a un siècle par le collectionneur et chimiste local Carl Mettler et ont été rarement exposées au public. Enfin, « Paula Rego : Power Games » (28 septembre 2024 - 2 février 2025) constituera un hommage à l’artiste luso-britannique récemment disparue. Les œuvres seront accrochées dans une succession de salles thématiques, axées sur les luttes de pouvoir : au sein de la société, entre les sexes, dans les familles et à l’intérieur même des individus.
New York salue son rôle dans l’art moderne
À partir de ce printemps, les amateurs d’art de New York pourront découvrir une série d’expositions célébrant la place de la ville dans l’histoire de l’art moderne, à commencer par « The Harlem Renaissance and Transatlantic Modernism » (25 février - 28 juillet) au Metropolitan Museum of Art. À peu près au même moment, le musicien expérimental Raven Chacon, lauréat de la bourse MacArthur et du prix Pulitzer, présentera « A Worm’s Eye View from a Bird’s Beak » (25 janvier - 14 avril) au Swiss Institute, mêlant la musique expérimentale à d’autres travaux centrés sur l’expérience indigène aux États-Unis.
Le Museum of Modern Art présentera quant à lui « LaToya Ruby Frazier : Monuments of Solidarity » (12 mai - 7 septembre), la première exposition de l’artiste dans un musée, accompagnée d’un catalogue sur son œuvre associant activisme, projets photographiques et nouveaux médias qui font bouger les lignes. Parallèlement à ces expositions phares, le Whitney Museum of American Art inaugurera en mars la Biennale du Whitney, qui offrira un panorama complet et actualisé de l’art contemporain américain.
Non loin en prenant le train qui remonte l’Hudson, la Dia Beacon présentera à partir du mois de mai une œuvre nouvellement commandée à l’artiste et réalisateur britannique Steve McQueen. Cette installation vidéo poursuit ses projets en cours sur le temps, le son et la réalisation de films minimalistes, approfondissant ses réflexions sur la race et la perception de soi. Plus tard dans l’année (à partir de l’automne), la Dia Beacon présentera également le travail de l’artiste américain Keith Sonnier, en exposant des installations multimédias qui remettent en question le rôle de la culture matérielle américaine tout au long du XXe siècle.
Enfin, pour la période de Noël, le Solomon R. Guggenheim Museum offrira « Harmony and Dissonance : Orphism in Paris, 1910-1930 » (8 novembre - 9 mars 2025), qui présentera quelques-unes des premières approches visant à intégrer les changements matériels et technologiques du début du XXe siècle.
Los Angeles : la diversité du monde de l’art californien donne le ton
Los Angeles renforce sa place de scène incontournable de l’art aux États-Unis, avec des expositions de niveau mondial et un marché de l’art en plein essor. De nombreuses grandes galeries y ont établi des antennes ou vont le faire – Marian Goodman, David Zwirner, Perrotin, Lisson, Sean Kelly et autres – et 2024 promet l’ouverture d’autres hauts lieux culturels.
L’incontournable Huntington Art Gallery présentera l’œuvre de l’artiste californien du XXe siècle Sargent Claude Johnson (17 février - 20 mai), notamment son monumental Organ Screen (1933-1934). « Destination Crenshaw », un projet public célébrant les artistes noirs, réunira 100 œuvres d’artistes tels que Melvin Edwards, Alison Saar et Kehinde Wiley.
Événement majeur en Californie organisé par le Getty, « PST ART » sera lancé en septembre autour de la thématique « Art & Science Collide » (« L’art et la science se rencontrent »), avec des expositions dans plus de 60 institutions. Ainsi, « Mapping the Infinite » (13 octobre - 23 février 2025) au Los Angeles County Museum of Art, rassemblera des œuvres d’art allant du néolithique à aujourd’hui, pour examiner comment les humains ont tenté d’expliquer l’origine du monde.