Giovanni Anselmo, l’un des principaux artistes du mouvement de l’arte povera des années 1960, est décédé à l’âge de 89 ans. Son décès a été confirmé par la galerie Marian Goodman, qui le représentait à New York. « Protagoniste clé du mouvement de l’arte povera et artiste de la galerie depuis 39 ans, Anselmo a poursuivi et approfondi sa pratique en relation avec la nature, le fini et l’indéfini, le visible et l’invisible », a déclaré l’enseigne dans un communiqué. L’année prochaine, une grande rétrospective lui sera consacrée au Guggenheim Bilbao, en Espagne (« Beyond the Horizon », du 9 février au 19 mai 2024).
« Giovanni Anselmo, membre du mouvement arte povera, se situe, par son âge et ses convictions, dans la génération des années 1960, a déclaré le Guggenheim en ligne. Sur le plan conceptuel, cette décennie forme un corpus solide et homogène qui remet en question l’idée rationaliste du progrès et tente de reconstruire et de renouveler les approches créatives dans leur ensemble ».
Carolyn Christov-Bakargiev, directrice sortante du Castello di Rivoli Museo d’Arte Contemporanea de Turin, a également rendu hommage à l’artiste. « Aujourd’hui [18 décembre], Giovanni Anselmo, l’un des artistes le plus grands, les plus généreux et les plus précis de l’arte povera, est décédé à l’âge de 89 ans, a-t-elle déclaré. Je l’aimais énormément. Il m’a orienté, m’a montré la signification du bleu outremer, au-delà de la mer, oltremare, loin et pourtant ici, maintenant, vivant ». L’œuvre d’Anselmo fera partie d’une exposition sur l’arte povera qui sera présentée à la Bourse de Commerce – Pinault Collection à Paris à la fin de l’année 2024 et dont la commissaire sera Christov-Bakargiev.
Le Castello di Rivoli possède une vaste collection d’œuvres d’Anselmo, dont Neon nel cemento (Néon dans le ciment) (1967-1969). « Quatre tubes au néon, reliés à un circuit électrique, sont encastrés dans des blocs de béton qui reposent sur le sol. Les blocs, longs et plutôt minces, permettent au spectateur de n’apercevoir que les extrémités des tubes au néon, qui émettent une lumière bleue. Selon Anselmo, l’œuvre a été créée dans l’intention d’éclairer une obscurité impénétrable », indique le musée sur son site Internet, qui propose aussi un certain nombre d’entretiens avec l’artiste.
Né en 1934 à Borgofranco d’Ivrea, dans le nord de l’Italie, Anselmo, en partie autodidacte, travaille comme peintre au début des années 1960. Fin 1965, il a une révélation sur l’île de Stromboli, déclarant : « mon ombre [allait] vers l’infini depuis le sommet du Stromboli à l’aube du 16 août 1965 ». Ce moment de la dissolution de son ombre a donné lieu à des œuvres telles que le dessin La Mia Ombra Verso l’Infinito Dalla Cima Dello Stromboli Durante L’Alba del 16 Agosto 1965 (1965).
Giovanni Anselmo a participé à l’exposition la plus ancienne et la plus influente de l’arte povera, qui s’est tenue en 1967 à la galerie la Bertesca de Gênes, sous la direction de Germano Celant. Cette manifestation avait également réuni d’autres artistes importants du mouvement, comme Alighiero Boetti et Jannis Kounellis.
La première exposition personnelle de l’artiste s’est tenue à la Galleria Sperone à Milan en 1968. Ses œuvres ont également été incluses dans l’exposition historique organisée par Harald Szeemann à la Kunsthalle de Berne en 1969, « Live In Your Head : When Attitudes Become Form », et à la Documenta de Cassel en 1972. En 1990, Giovanni Anselmo a reçu le prestigieux Lion d’or à la Biennale de Venise.