Bien qu’associée à l’art contemporain africain, la scène artistique moyen-orientale possède une identité qui lui est propre. En septembre, plus de 5 500 visiteurs se sont pressés au Palais d’Iéna à Paris lors de la 4e édition de la Menart Fair, salon dédié aux artistes émergents ou confirmés des pays du Golfe et du continent Nord-Africain. La maison de ventes Artcurial est l’une des premières à avoir créé en 2010 un département consacré à l’art contemporain africain. Depuis 2017, elle organise des ventes sur le thème de l’« African Spirit » qui ont lieu à Marrakech, au Maroc. Le plus célèbre palace marocain, la Mamounia, accueillera, le 4 novembre, une nouvelle édition d’« African Spirit », et proposera 68 lots provenant en partie d’une collection particulière marocaine. La vente fera notamment la part belle aux œuvres des figures de la peinture moderne et contemporaine du Royaume chérifien, tel Hassan El Glaoui, « peintre du mouvement » disparu en 2018. Ce sont 20 000 à 30 000 euros qui sont attendus pour son acrylique sur panneau Les Cavaliers. Jilali Gharbaoui, contemporain d’El Glaoui, est lui plus attiré par les avant-gardes de son temps et notamment par l’abstraction lyrique. Très marqué par sa rencontre à Paris avec le critique d’art Pierre Restany, il emmène ses recherches plastiques toujours un peu plus loin dans la déconstruction, la libération du geste dans la peinture (Composition, gouache sur papier, 1965, est. 25 000-35 000 euros). L’un des moments forts de la vacation sera sans nul doute la dispersion de trois œuvres de la grande figure de l’école de Casablanca : Mohamed Melehi. Peintre, poète, il se forme à Tétouan, Séville, Rome et Paris. Il s’envole ensuite pour la Californie et découvre le mouvement « Hard Edge », déclinaison californienne de l’expressionnisme abstrait. Ses compositions, en aplats de couleurs qui se répondent brusquement, mêlent op art, psychédélisme, art cinétique et architecture. Les ondes, les vibrations qui nourrissent son vocabulaire artistique s’expriment clairement dans Composition, 1975 (est. 80 000-100 000 euros), Constitution in puzzle B (est. 70 000-100 000 euros), ou encore L’arbre de Juba, II, 2014 (est. 35 000-50 000 euros).
La collection ne se limite néanmoins pas aux artistes marocains : le collectionneur pourra enchérir sur une aquarelle de l’artiste camerounais Barthélémy Toguo (Processing, 1999-2005, est. 18 000-25 000 euros) ou sur une acrylique sur toile (est. 80 000-120 000 euros) d’Aboudia – par ailleurs tout juste classé au 10e rang du Top 100 des artistes nés après 1980 établi par Artprice. L’Américain Jonone s’invite même dans la vente avec une fresque, Blood Diamond, réalisée en 2013 (est. 48 000-68 000 euros).
Enfin, Artcurial profite de la vente pour proposer huit lots (qui comprennent entre autres des visites privées de la villa Oasis ou de la Fondation Serge Lutens à Marrakech) dont le produit sera reversé au Fonds spécial pour la gestion du tremblement de terre du 8 septembre 2023.
« Morrocan and African Spirit », samedi 4 novembre 2023, Artcurial, La Mamounia, avenue Bab Jdid, Marrakech, Maroc.