Le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco a ajouté des sites anciens ou uniques à sa liste du patrimoine mondial. Les nouveaux ajouts – qui offrent une protection juridique aux sites considérés comme ayant une « valeur universelle exceptionnelle » – se trouvent dans des pays tels que l’Iran, la Chine, la Tunisie, l’Éthiopie, l’Azerbaïdjan, le territoire palestinien en Cisjordanie... et la France.
Le comité, composé de représentants de 21 États membres, s’est réuni à Riyad, en Arabie saoudite, pour sa 45e session. Le 17 septembre, les représentants ont décidé d’inclure treize nouveaux sites sur la liste et d’étendre le statut de deux autres.
Le site archéologique de Tell es-Sultan, situé près de la ville palestinienne de Jéricho, en Cisjordanie occupée par Israël, était le plus politisé des sites inscrits sur la liste. Il présente des preuves de l’existence de communautés préhistoriques remontant au neuvième millénaire avant Jésus-Christ.
Israël, en conflit de longue date avec la Palestine, a quitté l’Unesco en 2019 mais a envoyé un délégué à Riyad pour la réunion. Le ministère des Affaires étrangères du pays a publié le 17 septembre une déclaration, citée par le Jerusalem Post, décrivant l’inclusion de Tell es-Sultan comme « un autre signe de l’utilisation cynique de l’Unesco par les Palestiniens et de la politisation de l’organisation. »
Tell es-Sultan rejoint trois autres sites protégés par l’Unesco dans la région : l’église de la Nativité et la route de pèlerinage de Bethléem ; le paysage culturel du sud de Jérusalem et de Battir ; et la vieille ville d’Hébron. La Palestine est un État membre de l’Unesco en 2011.
Le paysage culturel des anciennes forêts de thé de la montagne de Jingmai, près de la ville de Pu’er, dans la province chinoise du Yunnan, à proximité de la frontière avec le Myanmar (Birmanie), figure également sur la liste. Il s’agit du premier site en rapport avec la culture du thé à être protégé par l’Unesco. On pense que des groupes indigènes locaux ont récolté des théiers sauvages dans la région depuis la dynastie Han (206 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.).
Le comité a également inscrit 54 caravansérails iraniens historiques, des lieux d’hébergement situés en bord de route pour les pèlerins ou les commerçants en déplacement. Ils bordent le réseau de routes commerciales reliant l’Asie à l’Afrique et à l’Europe, notamment la Route de la soie. Les caravansérails nouvellement protégés sont situés dans 24 provinces du pays.
En Europe, un ensemble de sites juifs médiévaux de la ville d’Erfurt, dans l’est de l’Allemagne, a été inscrit sur la liste. Il s’agit notamment de la vieille synagogue d’Erfurt, un bâtiment en pierre datant du XIIIe siècle qui témoigne de la vie familiale juive à l’époque médiévale.
La semaine dernière, la commission a également inscrit plusieurs sites ukrainiens. La cathédrale Sainte-Sophie et le complexe monastique de la Laure de Kiev-Pechersk à Kiev, ainsi que l’ensemble du centre historique de la ville de Lviv, figurent désormais sur la liste du patrimoine mondial en péril. La décision d’inclure ces sites a été prise « en raison de la menace de destruction que fait peser l’offensive russe », selon un communiqué de l’Unesco.
La France n'est pas en reste, avec la validation, le 16 septembre, de la candidature des « volcans et forêts de la montagne Pelée et des pitons du Nord » à la Martinique, qui devient ainsi le 7e bien naturel français à entrer au patrimoine mondial de l’Unesco, ainsi que celle de la Maison Carrée de Nîmes – le 51e bien français inscrit au total – le 18 septembre. « C’est une immense nouvelle qui nous apporte beaucoup d’émotion et de fierté, s'est félicité Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes. Elle témoigne de la valeur universelle de notre temple antique, qui trône désormais sur une liste prestigieuse de sites exceptionnels. »
A également été inscrite, ce 19 septembre, l'île touristique de Djerba dans le sud de la Tunisie, haut lieu touristique qui abrite des ruines carthaginoises.
La 45e session du comité s’est en outre distinguée par son refus d’approuver la protection de certains sites. Le 15 septembre, les membres ont voté contre la proposition d’ajouter Venise à la liste du patrimoine mondial en péril. Cette décision a été prise en dépit de la recommandation du Centre du patrimoine mondial (CPM), le secrétariat permanent de la convention, qui estimait que la ville était menacée par des facteurs tels que le tourisme de masse et le changement climatique.
L’Unesco a commencé à dresser la liste du patrimoine mondial en 1978 et a depuis inscrit plus de 1 000 sites à protéger. Parmi les plus remarquables, on peut citer l’Acropole d’Athènes, en Grèce, et la Grande Muraille de Chine.