La Société du Grand Paris a dévoilé le 11 septembre, sur le chantier de la gare Châtillon-Montrouge, les projets de douze nouvelles œuvres pérennes monumentales conçues en tandem par les artistes et les architectes. Elles seront intégrées aux futures gares du Grand Paris Express.
Le nouveau métro vise à redistribuer les cartes de la mobilité en Île-de-France en reliant les villes de banlieue sans devoir passer par la capitale intra-muros. À neuf mois de l’inauguration prévue des premières gares, le programme Tandems, grande commande publique d'art, associe un artiste à un architecte dans la création en dialogue d’une œuvre dans chaque gare – soixante-huit sont prévues au total.
Pour la gare de Saint-Denis Pleyel, conçue par l’architecte Kengo Kuma, Prune Nourry réalisera 108 Vénus de huit formes différentes, évoquant les représentations de la femme au Paléolithique. Chacune sera recouverte d’une patine de terre, dans des tonalités allant du noir à l’ocre brun, symbolisant la diversité du territoire francilien.
Lyes Hammadouche a imaginé pour la gare de Thiais-Orly quatre sculptures autour du concept d’horloge diffractée dans l’espace, suspendues dans le hall principal au plafond de voûtes en croisée d’ogives dessiné par Denis Valode.
Le duo d’artistes Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger a conçu un dessin en carreaux de grès cérame évoquant les organismes qui peuplent le monde souterrain pour la gare de Chevilly-Larue, œuvre de l’architecte Jérôme Brunet.
À Arcueil Cachan, Vincent Mauger a choisi de déformer ponctuellement l’ensemble de lignes horizontales créées par les briques utilisées pour le revêtement de l’édifice par l’architecte Jean-Pierre Vaysse. Autant d’« ondes répondant aux vibrations du parcours des voyageurs ».
À Chelles, Emmanuelle Lainé propose sur les parois du long couloir de la gare, dont la conception a été confiée à l’Atelier Schall, une anamorphose photographique représentant une foule en train de danser. Ce trompe-l’œil sera réalisé avec les habitants de la ville.
En réponse à l’architecture épurée de Jean-Marie Duthilleul, Loris Cecchini a imaginé une structure organique en modules d’acier se propageant de l’intérieur à l’extérieur de la gare de Sevran-Beaudottes.
Pensée par les architectes Stéphanie Vincent et Jérôme Berranger comme un « bâtiment paysage », la gare du Blanc-Mesnil, ouverte sur le parc Jacques Duclos, accueille l’imaginaire de Noémie Goudal : une vidéo de jungle et un paysage exotique en transparence sur les façades vitrées donnent au lieu des airs de serre tropicale.
Pour la gare du Triangle de Gonesse, Joana Vasconcelos puise dans la tradition portugaise en introduisant les lignes courbes de son installation en azulejo dans les volumes orthogonaux de l’architecte Jacques Pajot.
Kapwani Kiwanga a, quant à elle, disposé des rideaux métalliques dorés, suspendus aux passerelles de la gare de l’aéroport Charles de Gaulle, conçue par Daniel Jongtien. L’œuvre évoque « le pouvoir unificateur du Soleil qui rassemble tous les êtres sous un même astre. »
À la gare du Mesnil-Amelot, Esther Stocker s’est inspirée de la proximité de l’aéroport Charles de Gaulle. Ses sculptures en métal de grands avions en papier seront suspendues au plafond du bâtiment dessiné par Benoît Le Thierry d’Ennequin.
Sophie Calle met en scène dans la gare de Massy Opéra, conçue par Éric Puzenat, des vestiges du passé en y glissant des objets témoignant d’une époque disparue et d’usages révolus : poinçonneuse, cabine téléphonique publique… L’artiste a invité l’historien Jean-Paul Démoule à décrire chacun de ces souvenirs de manière absurde, en archéologue du futur.
Enfin, la proposition chromatique de Carole Benzaken parera de couleurs vives avec une mise en lumière évolutive l’escalier « Chambord » de la gare de Satory, dessinée par Corinne Vezzoni.