Chagall au cirque
L’univers du cirque, coloré, festif, chatoyant, a été l’une des sources d’inspiration majeures du monde des arts dès la fin du XIXe siècle, de Georges Seurat à Alexander Calder, de Tod Browning à Charlie Chaplin. Marc Chagall en a fait lui aussi l’un de ses thèmes favoris. La maison de ventes Gros et Delettrez en donne un nouvel exemple en présentant, mardi 20 juin à Drouot, Au Cirque (estimation 300 000-500 000 euros), huile sur toile peinte entre 1959 et 1968. La cote de Marc Chagall ne vacille pour ainsi dire jamais et semble imperméable aux crises qui secouent régulièrement le marché de l’art. Chagall s’est classé, selon le site Artprice, en 21e position des artistes les mieux vendus en 2022. Une autre toile, Les Beaux Jours, Plage de Deauville (estimation 400 000-600 000 euros), signée Kees Van Dongen, est proposée dans la même vente. Elle fait opportunément écho à La baie de Sainte-Adresse (estimation 600 000-800 000 euros) peinte par Raoul Dufy, proposée par Bonhams Cornette de Saint Cyr lors de la vente « Alain Delon, 60 ans de passion » du 22 juin. Elles semblent toutes deux confirmer l’attrait des collectionneurs pour les paysages de villégiatures en bord de mer au début et au milieu du XXe siècle.
Art moderne et contemporain, mardi 20 juin 2023, Maison de ventes Gros et Delettrez, Drouot, 75009 Paris.
Une Halte à la fontaine par Hubert Robert
En 1912, Jacques Doucet (1853-1929), fondateur de l’une des premières maisons de haute couture à Paris, mécène, collectionneur de l’art du XVIIIe siècle, prend une décision radicale après la mort tragique de sa maîtresse Jeanne Ruaud, assassinée par son mari jaloux : il disperse l’ensemble de sa collection et quitte l’hôtel particulier, rue Spontini à Paris, qu’il s’était fait construire pour l’accueillir. Conseillé par le marchand d’art et écrivain Henri-Pierre Roché et le poète surréaliste André Breton, il se jettera dans une modernité engagée pour monter l’une des plus prestigieuses collections privées d’art de son temps. Halte à la fontaine avec une lavandière (estimation 30 000-35 000 euros), réalisée vers 1773 par le peintre et académicien Hubert Robert (1733-1808), provient de cette première collection. La maison de ventes Jean-Marc Delvaux proposera, jeudi 22 juin, cette œuvre inédite, dont le classicisme formel annonce néanmoins le Romantisme à venir.
« Tableaux XIXe et modernes, tableaux anciens, meubles, objets d’art, Extrême Orient, argenterie, métal argenté, tapis et tapisserie », jeudi 22 juin 2023, Jean-Marc Delvaux, Drouot, 75009 Paris.
Émile Gallé en majesté
Les pièces en verre du célèbre artiste nancéien Émile Gallé (1846-1904) proposées par la maison de ventes Crait+Müller reflètent parfaitement toutes les influences et thématiques qui ont traversé son œuvre. Les regards, à la fin du XIXe siècle, sont résolument tournés vers l’Orient : l’ouverture du Japon pendant l'ère Meiji (1868-1912) a permis la diffusion de la culture de l’archipel, dont l’influence sera considérable sur les arts décoratifs en Europe. La Coupe au crabe (estimation 25 000-30 000 euros), réalisée l’année de la mort du maître-verrier en 1904, illustre cette fascination pour le naturalisme extrême-oriental mais dépasse largement la simple citation. Les innovations techniques et le talent d’Émile Gallé lui permettent de célébrer, à travers cette coupe, son autre grande passion : le monde marin et l’océanographie. Du même artiste, un vase (estimation 40 000-60 000 euros) et des lampes de mosquée (estimation 30 000-50 000 euros) témoignent, eux, de l’importance de l’art islamique, dont la grammaire esthétique tout en arabesques végétales préfigure celle de l’Art Nouveau, notamment en France et en Belgique.
« Tableaux, mobilier & objets d’art », vendredi 23 juin 2023, Crait+Müller, Drouot, 75009 Paris.