La maison de ventes Sotheby’s ouvre la saison de printemps en proposant aux enchères deux vacations dédiées à l’art impressionniste et moderne. La première, « Le souffle moderne – une collection parisienne », est présentée en partenariat avec François de Ricqlès, à la tête pendant seize ans de la maison de ventes rivale, Christie’s, à Paris. Cette collection a été constituée dans les années 1930 et 1940 par un couple de Parisiens passionnés par l’art de leur temps. « Le couple a beaucoup fréquenté la Galerie Louis Carré, qui, dès son inauguration en 1938, a largement soutenu les avant-gardes, raconte Aurélie Vandevoorde, directrice du département Art Impressionniste et moderne de Sotheby’s France. Nous ne sommes pas sûrs qu’ils aient côtoyé les artistes eux-mêmes, mais ils ont été extrêmement attentifs aux révolutions esthétiques qui rythmaient le monde de l’art à Paris. La plupart des œuvres ont été acquises l’année même de leur réalisation ». Les 13 pièces qui composent l’ensemble peuvent être redécouvertes par le public pendant l’exposition des lots puis lors de leur vente le 19 avril à 17 h. Accrochées pendant quelque 60 ans dans le salon des propriétaires, elles n’ont jamais fait l’objet de prêts à des musées ou des institutions. Figurent une composition aux profils, huile sur toile de Fernand Léger (estimation 500 000-700 000 euros), une nature morte Pichet, compotier et plat de fruits réalisée en 1943 par Georges Braque (estimation 100 000-150 000 euros) ou, pièce phare de la vente, L’oiseau du matin, gouache sur papier de Joan Miró, estimée de 1,5 à 2 million(s) d’euros. Cette œuvre, peinte en 1939, préfigure, par son charme teinté d’inquiétude, les chefs-d’œuvre de la série des Constellations composée entre 1940 et 1941. « La tonalité, le traitement nuageux du fond, en nuances d’ocre pour cette gouache, sont propres aux Constellations, précise Aurélie Vandevoorde. Le titre, que nous avons découvert lors du décadrage, lui confère toute sa poésie ».
La deuxième vacation, à 18 h, propose une sélection de 25 œuvres impressionnistes et modernes. Les amateurs pourront notamment enchérir sur Homme au tricot rayé (estimation de 700 000 à 1 million d’euros), l’un des trois tableaux de Pablo Picasso dans cette vente provenant de la collection de sa dernière femme, Jacqueline Roque. Ils pourront aussi jeter leur dévolu sur une composition abstraite réalisée par Vassily Kandinsky pendant son séjour en Italie (estimation 300 000-400 000 euros) ou sur une huile sur toile, La mer, peinte en 1945 par Marc Chagall (estimation 600 000-800 000 euros). Les amateurs de peinture impressionniste poseront, quant à eux, leur regard sur un paysage et un portrait. Le paysage représente le village de Vétheuil peint, depuis sa barque-atelier flottant sur la Seine, par Claude Monet entre 1901 et 1902 (estimation de 2 à 3 millions d’euros). Si le sujet, le bourg et son église, revient régulièrement dans les toiles de l’artiste, cette composition semble s’affranchir des détails pour dériver doucement vers une forme d’abstraction. Estimé entre 1 million et 1,5 million d’euros, le Portrait de Jeanne Samary par Pierre-Auguste Renoir sera un autre temps fort. La jeune actrice, sociétaire de la Comédie française en 1879, est en effet l’une des muses préférées du peintre. Il réalisera une douzaine de portraits d’elle. L’un d’eux, La rêverie, peint en 1877, a rapidement rejoint la collection du célèbre collectionneur russe Ivan Morozov avant d’intégrer celle du musée Pouchkine à Moscou.
« Le souffle moderne – une collection parisienne », 19 avril 2023, Sotheby’s, 76 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris.