Né à Turin en 1942, Piero Gilardi se fait connaître au début des années 1960 avec ses Macchine per il futuro (Machines pour le futur), prémices d’une réflexion sur le devenir technologique de la société. Mais, c’est surtout avec la création de ses Tappeti-Natura (Tapis-Nature), dès 1965, œuvres en mousse polyuréthane reconstruisant artificiellement la nature (lit de rivière, mer, verger, champ…), et que l’artiste invite à mettre chez soi pour en faire des œuvres à vivre, que son travail connaît un succès retentissant. Il est exposé dans les plus importantes galeries de l’époque : galerie Gian Enzo Sperone (Turin), galerie Sonnabend (Paris), Fischbach Gallery (New York).
Piero Gilardi participe aux débuts de l’aventure de l’Arte povera et, à partir de 1967, s’engage dans la voie de la critique d’art en devenant le correspondant de la revue italienne Flash Art. Circulant en Europe et aux États-Unis, il fait connaître en Italie les travaux de Richard Long, Eva Hesse, Jan Dibbets, Bruce Nauman, et collabore à la réalisation de deux expositions internationales : « When attitudes become form » (Berne, 1969) et « Op Losse Schroeven » (Amsterdam, 1969) qui montrent les enjeux artistiques du moment (Arte povera, land art, post-minimalisme…).
En 1969, il cesse de créer pour commencer une longue expérience d’activiste autour de la notion d’« Arte Vita » (Art Vie). Militant politique, il mène différentes expériences de créativité collective dans les hôpitaux psychiatriques en Italie, mais aussi dans les périphéries urbaines au Nicaragua, dans les réserves indiennes des États-Unis, ainsi qu’en Afrique. Il reprend son activité artistique au cours des années 1980, réalisant des installations qui parlent de notre rapport à la nature et au monde en offrant aux visiteurs la possibilité d’être partie prenante de l’œuvre. Artiste profondément visionnaire, ses propositions cherchent notamment à faire prendre conscience des enjeux écologiques en se saisissant de l’apport de la technologie et de la science dans le monde de l’art.
C’est à ce titre qu’il crée à partir de 2007 le Parco d’Arte Vivente (PAV) à Turin où il accueille des projets liés à l’environnement, au paysage et à la biotechnologie. Il invite, entre autres, Michel Blazy, Gilles Clément, Dominique Gonzalez-Foerster à intervenir.
L’engagement politique reste au cœur de sa démarche artistique et s’exprime toute sa vie, non seulement dans cette réflexion profonde d’une conscience de la nature qui l’aura occupé pendant près de soixante ans, mais aussi par les affiches et masques à l’effigie des hommes politiques italiens qu’il a réalisés chaque année pour le défilé du 1er mai à Turin.
En 2012, son travail fait l’objet d’une importante exposition itinérante (Castello di Rivoli, Turin ; Van Abbemuseum, Eindhoven ; Nottingham Contemporary, Nottingham). En 2017, le MAXXI à Rome lui consacre une rétrospective.
En France, en 2020, la Galerie Michel Rein (Paris), qui le représente en France, a accueilli une exposition personnelle de l'artiste (« Piero Gilardi : dalla natura all’arte / De la nature à l’art »).
[On a pu récemment voir son travail dans l’exposition collective « Vita Nuova. Nouveaux enjeux de l’art en Italie 1960-1975 » (MAMAC, Nice, 2022), sous un commissariat de l’auteure, ndlr].