Richard Rogers, l’architecte qui a conçu le Centre Pompidou à Paris avec Renzo Piano, est décédé à l’âge de 88 ans. Son fils, Roo Rogers, a confirmé le décès, selon le New York Times. Le Centre Pompidou, souvent considéré comme un modèle pour les musées contemporains, a ouvert ses portes le 31 janvier 1977. L’architecte en a co-conçu le dessin, qui donne l’impression que le bâtiment a été retourné.
« Avec la disparition de Richard Rogers, le monde perd l’un de ses plus grands architectes et le Centre est orphelin de celui qui, avec son complice et ami Renzo Piano, a donné vie à l’utopie du Centre Pompidou, a déclaré Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou. C’est grâce à leur génie créateur que le Centre Pompidou garde sa vitalité exubérante depuis bientôt 45 ans. Ils disaient volontiers qu’ils n’avaient pas créé un monument mais une fête, un grand jouet urbain […]. L’utopie continue ! Merci Lord Richard Rogers of Riverside. »
Richard Rogers était diplômé de l’école d’architecture de l’Architectural Association où il a étudié entre 1954 et 1959. Il a ensuite été diplômé de l’école d’architecture de Yale en 1962. Parmi ses autres projets célèbres, figurent le bâtiment du parlement du Pays de Galles à Cardiff, et le Millennium Dome, aujourd’hui l’O2 Arena, dans l’est de Londres. En 2009, il avait démissionné de son poste de conseiller auprès du maire de Londres de l’époque, Boris Johnson, étant en désaccord avec le manque d’action concernant le plan d’amélioration des espaces publics dans la capitale anglaise.
En 2017, Richard Rogers avait déclaré à l’Observer qu’il ne pourrait pas « rêver de le faire maintenant [le Centre Pompidou] », décrivant la déflagration suscitée par le concept futuriste (l’artiste Sonia Delaunay avait alors déclaré qu’elle préférait brûler ses peintures plutôt que de les voir exposées dans ce bâtiment). Estimait-il ce concept révolutionnaire ? « Je pense que nous avons simplement fait le bâtiment que nous devions faire : un container vide, une grande piazza et une façade ; un croisement entre Times Square et le British Museum », avait-il répondu.
Selon le Guardian, Renzo Piano a déclaré : « Après des décennies où les musées étaient poussiéreux, ennuyeux et inaccessibles, quelqu’un devait aller de l’avant, faire quelque chose de différent, avoir un désir de participation. Quelqu’un devait exprimer cette rébellion. Mettre ce vaisseau spatial au milieu de Paris était un peu fou mais un geste honnête ».
Lorsque Richard Rogers a remporté le prestigieux prix Pritzker en 2007, le jury l’a félicité d’avoir « révolutionné les musées, transformant ce qui était autrefois des monuments élitistes en lieux populaires d’échanges sociaux et culturels, ancrés au cœur de la ville ».
À l’annonce de sa mort, le musée du Louvre a rendu hommage à Richard Rogers, déclarant : « son cabinet d’architectes Rogers Stirk Harbour + Partners créa en 2019 le Centre de conservation du Louvre à Liévin (Hauts-de-France), un bâtiment sobre et élégant qui conjugue intégration dans le paysage et performance climatique ». Axel Ruger, secrétaire et directeur général de la Royal Academy of Arts de Londres, a également rendu hommage sur Instagram à l’académicien Richard Rogers, « en mémoire d’un grand architecte et d’un homme gentil et généreux ».
L’architecte a inauguré l’un de ses derniers projets plutôt cette année en France, au château La Coste (Bouches-du-Rhône). Comme un testament, « La Galerie », un espace rectangulaire de 120 m2, s’élance dans les airs parmi les arbres du Luberon, jusqu’à 18 mètres de hauteur, et offre une vue magnifique sur ce petit coin de paradis.