C’est un épilogue après des années d’atermoiements, une solution radicale qui n’a pas fini de faire polémique : le 29 juin, le conseil municipal de Clichy-la-Garenne a voté la « cession de la Maison du peuple à la société à constituer entre le groupe Ducasse et la société financière Apsys ». Depuis des années, ce bâtiment emblématique de l’histoire de l’architecture n’en finissait pas de se dégrader. =Projet porté dans les années 1930 par le maire communiste de la commune, Charles Auffray, à l’époque de la ceinture rouge, il fut construit de 1935 à 1939 par les architectes Eugène Beaudouin, Marcel Lods, l’ingénieur Vladimir Bodiansky et les ateliers de Jean Prouvé.
Totalement modulaire grâce à des cloisons coulissantes et un plancher escamotable, cette architecture accueillait un marché, une salle de spectacle et de cinéma, des locaux associatifs et syndicaux. Elle fut la première construction en France à adopter le principe du mur-rideau, les façades étant constituées d’acier et verre dont Jean Prouvé dessina les éléments. Classé monument historique en 1983, cette icône de l’architecture avait fait l’objet de plusieurs projets ces dernières années, dont celui porté par le groupe Duval et l’architecte Rudy Ricciotti, qui prévoyait la construction par-dessus le bâtiment d’une tour de 96 mètres de hauteur ! En 2019, le ministre de la Culture Franck Riester y avait mis son veto. Si fin 2020, l’association Quartier Maison du peuple avait déposé à la mairie un projet citoyen pour le bâtiment, « c’est le ministère de la Culture, soucieux du devenir de la Maison du peuple, qui a suggéré au groupe Ducasse de s’y intéresser », affirme un communiqué de la Rue de Valois. Le monument, qui lui est donc vendu par la commune pour la petite somme de 2,1 millions d’euros, sera restauré et réaménagé par l’architecte en chef des monuments historiques Alain-Charles Perrot et l’architecte du patrimoine Florent Richard, en collaboration avec les designers Patrick Jouin et Sanjit Manku. Si cet ancien marché se destine à devenir un lieu de production de chocolat, de café et de glaces, il faudra veiller, comme l’assure le ministère, que l’opération « soit respectueuse de l’histoire et de l’architecture du monument ». À tout le moins.