Formée à l’Académie royale des beaux-arts de Stockholm où les femmes pouvaient étudier depuis 1864 – fait exceptionnel en Europe –, puis initiée au spiritisme, Hilma af Klint (1862-1944) peint ses premières œuvres abstraites dès 1906, avec la série Primordial Chaos. Entre 1906 et 1915, elle réalise son œuvre centrale, les 193 Peintures pour le Temple. Influencée par la théosophie puis l’anthroposophie de Rudolf Steiner, elle reçoit des « commandes » d’êtres supérieurs rencontrés dès la fin des années 1890. Les découvertes de la théorie de l’évolution en biologie ainsi que de l’atome et de la théorie de la relativité en physique renforcent sa conviction que l’esprit domine la matière et que la conscience peut changer l’être. L’abstraction est pour elle la manifestation naturelle de l’esprit vivant qui relie tous les êtres. Cependant, ses œuvres sont plus a-mimétiques qu’abstraites, au sens de « formes pures » détachées de toute volonté de représentation. En 1932, Hilma af Klint soustrait volontairement son œuvre au regard, exigeant qu’elle ne soit dévoilée que vingt ans après sa mort. Elle n’aura donc pas de reconnaissance avant les années 1980. Mais l’ampleur et l’originalité de sa recherche en font une précurseure longtemps méconnue de l’abstraction symboliste de la fin du XIXe siècle.
--
« Elles font l’abstraction », du 19 mai au 23 août 2021, Galerie 1 - Centre Pompidou, 75004 Paris.