Semaine après semaine, nous avons exprimé dans ces colonnes notre incompréhension à voir durablement les musées, centres d’art et fondations fermés pour cause de pandémie, alors que tout un pan de l’activité est autorisé à ouvrir, en particulier les commerces. Certes, nous ne pouvons que nous réjouir que les galeries puissent continuer à accueillir les amateurs d’art et à vendre des œuvres, pour leur permettre de traverser cette dure épreuve mais aussi pour aider des artistes en souffrance. Une enquête du Comité professionnel des galeries d’art dévoilée la semaine dernière montre d’ailleurs que les galeries résistent mieux à la crise que ce qui était à craindre. Pour les lieux d’exposition, la situation est toute différente. Ils sont désespérément fermés depuis trois mois sans qu’à notre sens les risques de contamination au Covid-19 n’imposent une telle sévérité puisque ces institutions ont très tôt adopté des mesures drastiques de distanciation sociale, de circulation et de protection qui garantissent des visites en toute sécurité. Dans une période particulièrement difficile pour nombre de nos concitoyens et tout particulièrement pour la jeunesse, ces fermetures sont pour beaucoup une blessure supplémentaire à endurer.
C’est dans ce contexte sans précédent que pour la première fois à notre connaissance les grands titres de la presse artistique ont décidé de mener une action commune et de prendre la plume pour s’adresser au président de la République. Fabrice Bousteau (Beaux Arts Magazine), Guy Boyer (Connaissance des arts), Jean-Christophe Castelain (Le Journal des Arts), Jeanne Faton (L’Objet d’Art), Olivier Lange (La Gazette Drouot), Catherine Millet (artpress), Françoise Monnin (Artension), Rafael Pic (Le Quotidien de l’art), Didier Rykner (La Tribune de l’art), Fabien Simode (L’ŒIL) et nous-même adressons aujourd’hui une lettre ouverte à Emmanuel Macron demandant la réouverture des musées. « Vous avez fait le pari d’un couvre-feu renforcé plutôt que d’un confinement total, faites aussi le pari d’une réouverture graduelle des lieux de culture en commençant maintenant par les musées, sites patrimoniaux et centres d’art », écrivons-nous. Puisse le président de la République nous entendre.