Institutrice, militante anarchiste, féministes avant l’heure, Louise Michel fut l’une des personnalités majeures de la Commune de Paris, ce qui lui a valu arrestation et déportation en Nouvelle-Calédonie. C’est de son nom que Banksy a baptisé le bateau armé pour secourir les migrants en Méditerranée que l’artiste a décidé de financer.
Le 18 août, le navire a quitté le port espagnol de Burriana en toute discrétion pour venir en aide aux naufragés. Recouvert de rose à l’avant et à l’arrière, marqué du mot « Recue » sur le flanc, le bâtiment arbore une peinture au pochoir représentant une petite fille lançant une bouée de secours en forme de cœur. C’est en septembre de l’an dernier que le street artist a pris contact avec Pia Klemp, une ancienne capitaine de plusieurs autres bateaux de sauvetage, pour lui demander comment il pourrait l’aider. Leurs échanges a abouti à l’armement du Louise Michel, un navire plus petit mais plus rapide que la plupart de ceux utilisés par les autres ONG, que Banksy a entièrement financé. La question des migrants est récurrente dans ses œuvres, que ce soit celle réalisée à Venise lors de la dernière biennale d’art – une peinture au pochoir représentant un enfant migrant portant un gilet de sauvetage et tenant une fusée rose fluo – ou plusieurs autres réalisées à Calais, dont un pastiche du tableau Le radeau de la méduse de Théodore Géricault. L’explosion du prix des œuvres de l’artiste sur le marché – qu’il s’amuse aussi à malmener – l’a visiblement conduit à intervenir plus concrètement : « Je suis un artiste du Royaume-Uni et j’ai travaillé sur la crise des migrants, je ne peux évidemment pas garder l’argent », a-t-il écrit à Pia Klemp. Dès sa première sortie, le Louise Michel a recueilli plus de deux cents migrants à la dérive, dont quarante-neuf personnes « fragiles » qui ont été transférés samedi après l’intervention des autorités italiennes. Artiste atypique, Banksy montre aujourd’hui que l’art peut aussi sauver des vies.