Comment vivez-vous personnellement ce confinement ?
En famille. Cette période est étrange pour chacun d’entre nous. Il nous faut jongler entre les responsabilités professionnelles et les obligations familiales intenses. Il nous faut rassurer, assurer et toujours se projeter.
Comment votre institution s’est-elle organisée ?
Dès le vendredi soir [le 13 mars], nous avons fermé le musée pour mettre l’ensemble des collaborateurs et le public en sécurité. Il a fallu établir des priorités et aller très vite. Réfléchir et agir pour continuer à assurer les missions essentielles du musée. Nous avons chamboulé la programmation 2020-2021. Nous avons négocié pour :
- prolonger la rétrospective de William Kentridge jusqu’au mois de décembre ;
- reporter « Guillermo Kuitca » à mai 2021 ;
- et décaler « Laure Prouvost » à l’automne...
Progressivement, nous avons adopté des outils nous permettant de maintenir le lien entre nous, avec le public et nos partenaires. Chacun fait preuve d’un grand engagement, d’une belle solidarité, en cette période qui nécessite, plus que jamais, de la cohésion.
Sur quels projets travaillez-vous pendant cette période ?
C’est une période qui bouleverse tous les équilibres. Toutes les cartes sont rebattues. La culture est plus que jamais un instrument de liberté essentiel. Il nous faut être solidaire, une boussole ! Pendant cette période, j’ai beaucoup échangé avec des collègues en France et à l’étranger, principalement en Europe. Le LaM est situé sur un territoire carrefour. Nous sommes à un carrefour de l’Histoire. Comment peut-on construire un front commun culturel solidaire pour l’Europe ? Comment cultive-t-on sa différence pour faire sens ? Je travaille sur nos expositions « Paul Klee », « Giorgio Griffa » et fait d’autres lectures pour des projets à venir.
Quels dispositifs avez-vous ou allez-vous mettre en place pour rester en contact avec le public ?
Nous avons mobilisé les talents des équipes : service des publics, la communication, la conservation, les partenaires pour construire une stratégie de communication lisible. J’ai souhaité que nous imaginions des dispositifs nous permettant d’avoir des interactions avec le public. C’est un moment qui invite à un élan de générosité : ateliers en ligne, contenus... Il nous faut rêver, penser, s’instruire pour reconstruire. Le musée s’est emparé des outils numériques pour renforcer nos actions auprès du public, assurer notre visibilité sur le territoire et appuyer les actions de nos collègues métropolitains. Toute l’énergie collective des équipes a été mise au service de notre engagement fort à l’égard du public. Nous souhaitons fédérer nos partenaires sur le territoire et au-delà pour construire le sens commun. L’Histoire s’est écrite aujourd’hui.