Régulièrement, les avantages fiscaux relatifs au mécénat sont remis en cause au nom de l’équilibre des finances publiques. Les politiques ont de plus le chic pour choisir les moments les moins opportuns pour le marché de l’art. Ainsi, les dernières annonces du secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse, Gabriel Attal, faites au quotidien économique Les Échos le 29 août, interviennent-elles quelques jours avant la Biennale Paris et quelques semaines avant la FIAC. On a connu meilleur timing pour un secteur économique qui a pourtant plus que besoin d’être stimulé. Selon le secrétaire d’État, le gouvernement envisagerait de baisser, de 60 % à 40 %, le taux de défiscalisation des dons supérieurs à 2 millions d’euros pour tous versements entrant dans le cadre de la loi mécénat de 2002, dite loi Aillagon, à l’exemption des dons pour les plus démunis. Le mécénat au bénéfice de la culture et du patrimoine est donc directement concerné. Les promesses de versements massifs pour participer à la restauration de Notre-Dame de Paris semblent avoir paradoxalement incité le gouvernement à revoir à la baisse les avantages fiscaux afférents, comme s’il était le moment de décourager les libéralités. Selon Gabriel Attal, ce coup de rabot ne concernerait que « soixante-dix-huit grandes entreprises dont les dons excèdent aujourd’hui cette somme [de 2 millions d’euros] ». Toujours selon le membre du gouvernement, cette réforme réduirait « la dépense fiscale de l’ordre de 80 millions d’euros par an, à partir de 2021 », une goutte d’eau au regard du budget de l’État, mais une mesure dont la portée symbolique pourrait in fine coûter beaucoup plus cher. Trouver des entreprises mécènes est en effet de plus en plus compliqué pour les institutions culturelles, sans compter les sociétés qui sont écartées pour des raisons éthiques, comme aujourd’hui Sackler, peut-être demain Total, mécène du Palais de Tokyo, sur la base de considérations environnementales (la société n’a pas été retenue sur cette base pour les Jeux Olympique de 2024). De quoi susciter de légitimes inquiétudes.
Mauvaise nouvelle pour le mécénat
L'édito de Philippe Régnier du lundi 2 septembre 2019
2 septembre 2019