La foire Paris Photo a annoncé en juin qu’elle lançait une nouvelle édition à New York,au printemps 2020, en collaboration avec l’AIPAD (Association of International Photography Art Dealers). Florence Bourgeois, directrice de la foire aux côtés du directeur artistique Christoph Wiesner, nous livre la primeur de ce projet.
Paris Photo a tenté en vain, il y a quelques années, de s’implanter à Los Angeles. Pourquoi tenter de nouveau l’aventure aux États-Unis, cette fois à New York ?
New York est pour nous un choix stratégique après Paris, nous avions déjà l’ambition de monter une foire là-bas. Quand l’AIPAD nous a approché il y a dix-huit mois, nous avons décidé de nous associer à l’histoire de ce salon, qui aurait fêté ses 40 ans cette année.
Pourquoi n’avez-vous pas choisi de vous développer plutôt en Asie, à Hongkong par exemple ?
Nous continuons de réfléchir à cette option, ou à d’autres lieux en Asie, mais en termes de galeries implantées localement, de nombre de collectionneurs, de marché, il n’y pas de comparaison possible entre Hongkong et New York sur le marché de la photographie. L’Asie, pour la photo, en est encore aux prémices.
Comment souhaitez-vous faire évoluer cette foire, que vous avez rebaptisée « Paris Photo New York (presented with AIPAD) » ?
Nous voulons apporter à New York notre expertise et donner un élan plus contemporain à la foire, tout en gardant bien sûr l’aspect historique. Afin de soutenir les membres de l’AIPAD et les jeunes galeries, nous nous sommes engagés à ce que le prix des stands ne soit pas modifié les trois premières années. Nous créons aussi un comité de sélection pour assurer un choix pointu et exigeant en termes de galeries, de contenus et d’accrochages.
Comment sera constitué ce comité de sélection ?
Il sera formé de galeristes internationaux, experts dans leur domaine, afin d’assurer nos critères de qualité et d’étendre nos réseaux dans les Amériques et dans le monde, tant auprès des galeristes que des collectionneurs et des institutions. Il y aura deux galeries choisies par l’AIPAD, deux par Paris Photo, et trois autres à déterminer. Nous sommes en cours de réflexion avec l’AIPAD et le comité sera annoncé d’ici septembre.
Quelle sera la part accordée aux galeries européennes dans un contexte où prime l' « America first ? »
Nous n’avons pas de quotas en tête. S’implanter à New Yorknous permettra d’étendre notre prospection aux galeries d’Amérique du Sud ou de l’Ouest des États-Unis, qui ne peuvent pas forcément faire le déplacement à Paris. Inversement, ce sera pour les galeries européennes l’occasion de toucher les collectionneurs américains.
À Paris, vous avez largement ouvert la foire aux galeries d’art contemporain. Appliquerez-vous ce principe à New York ?
« The photography show » [auquel Paris Photo New York succède, ndlr] était reconnu pour la photo historique et la qualité des vintages. Nous élargirons la prospection à de nouvelles galeries importantes, en particulier celles d’art contemporain. Nous prévoyons aussi une présence renforcée des éditeurs, acteurs indispensables dans l’écosystème de la photographie, et souhaitons développer les signatures d’artistes sur la foire qui engendrent une effervescence incroyable et permettent un contact direct avec les artistes.
N’y a-t-il pas à long terme un risque qu’un certain nombre de galeries américaines ne viennent plus à Paris ?
Nous pouvons créer une dynamique sur l’année avec une marque forte présente en automne à Paris et au printemps à New York. Paris Photo au Grand Palais est indéniablement devenue la plateforme de découverte et d’échanges autour de ce médium, et l’attrait de la capitale française pour les galeristes et les collectionneurs américains reste extraordinaire : 250 enseignes postulent chaque année. Cela permettra à un plus grand nombre d’entre elles d’avoir accès à Paris Photo. À New York, l’important est de s’appuyer sur une scène locale extrêmement forte, une effervescence artistique, pour développer et renforcer le marché de la photographie au niveau mondial. Je pense que nos deux foires seront complémentaires et permettront des rencontres différentes pour les galeries présentes.
Les dates et le lieu sont-ils susceptibles de changer à moyen terme ?
Les dates ne vont pas changer, du moins pour le moment. L’endroit, peut-être, mais le Pier 94 est intéressant car il est vaste et clairement identifié. Cela nous laisse une marge de manœuvre pour proposer des stands plus grands, mieux accueillir les éditeurs, présenter chaque année une grande collection de photographies, organiser un programme de conférences...
Comptez-vous augmenter le nombre d’exposants ?
Il y avait une centaine de galeries participantes jusqu’à présent pour « The photography show ». Nous monterons à 120, peut-être même à 140. Plus que le nombre de galeries, c’est la qualité des projets qui retiendra toute notre attention.
Quelle a été la réaction des galeristes américains ?
Très positive ! Ils étaient en attente d’un nouveau positionnement de la foire et ils sont conscients que nous apportons une expertise reconnue. Nous ne montons pas cette foire contre eux mais avec eux !