L’année commence par un mariage de raison lancé sous les meilleurs auspices. À l’occasion de la célébration officielle de cette union entre le Mobilier national et la Cité de la Céramique – Sèvres & Limoges, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a présenté le 15 janvier 2025 ce « nouvel opérateur unique au monde » comme un « véritable démultiplicateur pour nos métiers d’art ». « Avec la création des Manufactures nationales, le ministère a désormais son bras armé pour promouvoir les métiers d’art et les arts décoratifs, a poursuivi la locataire de la Rue de Valois. Et nous nous donnons des moyens à la hauteur de nos ambitions. »
Le nouvel opérateur voit sa dotation versée par l’État augmenter de 25 %, à hauteur de 4 millions d’euros en fonctionnement et de 1 million d’euros en investissement. S’y ajoutent les crédits du plan métiers d’art reconduits, soit 1,2 million d’euros pour 2025. Au total, le budget des Manufactures nationales fraîchement portées sur les fonts baptismaux s’élève à 51 millions d’euros annuels.
Présidées par Hervé Lemoine, les Manufactures nationales – Sèvres & Mobilier national ont vocation à déployer une nouvelle politique de commandes publiques, soutenant des projets tels que la table du Conseil des ministres, réalisée par onze petites entreprises en Occitanie, Hauts-de-France et dans la région Auvergne Rhône-Alpes ou la réalisation de douze tapisseries pour la couronne du Danemark ou pour Notre-Dame de Paris, confiée par les Gobelins aux Ateliers privés d’Aubusson.
À Aubusson mais aussi Beauvais, Sèvres, Alençon, Limoges ou le Puy-en-Velay, notamment, 650 personnes travaillent dans les Manufactures nationales, présentes dans 8 départements, représentant 53 métiers d’art qui incarnent un savoir-faire tricolore dans des domaines aussi divers que la céramique, la tapisserie ou de la dentelle. « Cet ancrage profond dans nos territoires est une dimension essentielle, a rappelé la ministre. C’est vrai d’abord par le rôle moteur des Manufactures dans un tissu local de maîtres d’art, de TPE et de PME qui sont souvent des entreprises du patrimoine vivant. Mais, c’est vrai aussi parce qu’elles sont une source de fierté et de reconnaissance pour les territoires. L’effet concret, c’est que ces territoires, souvent ruraux, font rayonner la France de Manhattan jusqu’à Shanghai. »
Parmi les projets annoncés dès 2025 à la suite de la réunion de ces établissements sous la nouvelle entité, figurent la création d’un centre de formation des apprentis (CFA) et d’un programme d’éducation artistique et culturelle, « Picasso et les métiers d’art » ; le lancement d’un « Laboratoire des pratiques durables », soutenu par la Fondation Bettencourt Schueller ; des projets à l’occasion du centenaire de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de Paris, qui imposa le style Art déco à travers le monde (le salon des « Nouveaux Ensembliers », le programme « Pavillon » et de nouvelles commandes publiques) ; un soutien aux entreprises du patrimoine vivant et aux maîtres d’art ; des campagnes d’acquisition pour soutenir les créateurs ; ou encore des événements hors-les-murs, au musée d’Orsay comme au Grand Palais, avec pour ambition de faire rayonner les métiers d’art, susciter des vocations auprès d’un large public.
En outre, l’accessibilité des collections sera renforcée, à l’exemple du musée national Adrien Dubouché, à Limoges, qui va mettre en ligne ses collections. Pour ses 200 ans, le musée national de la Céramique à Sèvres entamera, quant à lui, sa mue pour redevenir l’un des plus grands musées de céramique au monde.
Savoir-faire et faire savoir… Plusieurs initiatives visent à promouvoir les métiers d’art français sur la scène internationale : un programme de résidences pour designers et artisans ; la relance des décors d’ambassades en lien avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ; le lancement de The Savoir-Faire, une revue dédiée aux métiers d’art en anglais.
« Avec nos métiers d’arts et nos arts décoratifs français, c’est toujours la même histoire, a conclu la ministre de la Culture. Une histoire de patrimoine, une histoire de transmission, une histoire de gestes et de savoir-faire, mais aussi une histoire de création et d’innovation. Cela fait des siècles que cela dure et que la France brille grâce à ses artisans. En unissant les forces de Sèvres et du Mobilier national, nous renforçons un modèle d’excellence unique, qui incarne tout un art de vivre à la française, une identité culturelle qui inspire et qui rayonne dans le monde entier. Nous écrivons ensemble une nouvelle page dans cette histoire, qui n’a pas fini de nous éblouir. »