Le musée d’Art contemporain africain Al Maaden (MACAAL) est tout d’abord l’histoire d’une collection familiale débutée par le père d’Othman Lazraq, fon- dateur du musée. À la tête du groupe Alliances Développement Immobilier, Mohamed Alami Nafakh-Lazraq est un amateur passionné qui a transmis à son fils, architecte, le goût de l’art moderne et contemporain. Cette collection, qui comporte plus de 2500 pièces et 300 artistes, s’est élargie depuis les années 2000 aux pays du continent africain, aussi bien francophones qu’anglophones. « La collection n’a pas de limites géographiques ou thématiques, indique Othman Lazraq. Il y a des collections à l’intérieur même de la collection, des trésors, notamment des ensembles d’estampes ou de peintres orientalistes que nous aimerions également faire découvrir au public. » Dirigeant depuis 2014 la Fondation Alliances qui soutient des initiatives dans le domaine de la santé et du social, ainsi que différents projets culturels, Othman Lazraq a l’idée de dévoiler cet ensemble en ouvrant, dans les anciens locaux d’un bureau de vente appartenant au groupe, le musée d’Art contemporain africain Al Maaden : une expérience inédite au Maroc. « Mon objectif a été d’adapter avant tout le musée au contexte marocain », précise-t-il, expliquant qu’il était alors iconoclaste de partager avec le grand public une collection privée. « D’autre part, nous avons voulu organiser des expositions pédagogiques dans une démarche axée sur la transmission. »
Une collection qui s'exporte
À l’ouverture du musée en 2016, la première exposition, « Essential Paysage », est commanditée par la COP 22 et présente, sous le commissariat de Brahim Alaoui, différentes œuvres de la collection, sous un angle en partie didactique. Suivront notamment en 2018 et 2020 les expositions « Africa Is No Island », sous la houlette de Jeanne Mercier et Baptiste de Ville d’Avray, cofondateurs de la plateforme Afrique in visu, et « Have You Seen a Horizon Lately », proposée par Marie-Ann Yemsi et entièrement produite au Maroc. D’autres expositions, telles que « Outsiders/Insiders », centrée sur l’École d’Essaouira, ou « Écritures ésotériques », mettent l’accent sur des écritures artistiques en marge d’une histoire de l’art globalisée. « Depuis son ouverture, nous avons tenu à structurer le MACAAL comme une institution muséale, développe le directeur. Nous disposons aujourd’hui d’une équipe dédiée à la production des expositions, à la conservation des œuvres et à la médiation. Nous avons formé par ailleurs un comité d’acquisition afin d’enrichir la collection. » Fort de son expérience, le MACAAL s’est élevé au rang des incontournables et n’a de cesse d’être sollicité pour participer à des manifestations à travers le monde. « Grâce au Groupe Alliances, reprend l’homme, nous étoffons notre collection en achetant des œuvres auprès de grandes galeries africaines et internationales. Nous prêtons également des pièces à des institutions prestigieuses telles que la Tate St Ives, la Sharjah Art Foundation, l’Institut du monde arabe [à Paris] ou encore la Biennale de Lyon. En 2021, nous avons coproduit l’exposition “Ce qui s’oublie et ce qui reste” avec le musée national de l’Histoire de l’immigration, à Paris » – dont le commissariat était assuré par Meriem Berrada, directrice artistique du MACAAL.
Un musée reconfiguré
Après plusieurs mois de fermeture pour rénovation, le MACAAL rouvre ses portes et recentre sa programmation sur ses collections. Si la tentation a existé un temps de transformer, sous l’impulsion de Meriem Berrada, le musée en centre d’art en démocratisant son entrée et en créant une plateforme d’échanges avec les artisans, désormais l’objectif est d’offrir au public un accès permanent à une collection qui sera montrée de façon évolutive, avec un accrochage triennal. La majorité des 2000 m2 d’exposition accueille en ce moment plus de 150 œuvres, choisies par les commissaires Morad Montazami et Madeleine de Colnet de la structure Zamân Books & Curating, dans le cadre de l’exposition « 7 contours, 1 collection ». Parmi elles, des pièces de Chéri Samba, Malick Sidibé, Billie Zangewa, Hassan Hajjaj ou encore Joël Andrianomearisoa – auquel fut consacrée, en 2022, l’exposition « Our Land just like a Dream ».
À l’étage, un nouvel espace dénommé Artist Room présentera tous les trois mois une proposition originale. Sara Ouhaddou ouvre la saison avec l’exposition « Display », organisée par Meriem Berrada, en collaboration avec Alya Sebti et l’IFA Gallery Berlin, laquelle montre, jusqu’au 2 février 2025, son pendant, documentant les différents processus de travail de la plasticienne. Quant à la nef centrale du bâtiment et aux escaliers reliant les deux étages du musée, ils seront dédiés, chaque année, à des installations inédites, pour l’heure celles de Salima Naji et de l’artiste franco-tunisienne Aïcha Snoussi.
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« 7 contours, 1 collection », musée d’Art contemporain africain Al Maaden, Sidi Youssef Ben Ali, 40000 Marrakech.