Depuis 2009, la Chaire du Louvre invite chaque année un intellectuel à poser son regard sur l’histoire et les collections du musée parisien. Le philosophe Souleymane Bachir Diagne, professeur à l’université Columbia de New York, donnera un cycle de cinq conférences, du 25 novembre au 9 décembre 2024, sur le thème : « Louvre : quels universels ? ». Cette invitation fait suite à celles de Neil MacGregor en 2021 et de Pierre Singaravélou en 2022.
Né à Saint-Louis, au Sénégal, ancien élève de l’École normale supérieure, à Paris, aujourd’hui professeur à l’université Columbia de New York, Souleymane Bachir Diagne défend, en héritier de la pensée de Léopold Sédar Senghor, le dialogue des cultures à travers le nomadisme des œuvres d’art. Il propose de réfléchir au rôle du musée du Louvre en tant que lieu d’expression de l’« universel latéral », où les cultures sont présentées « les unes à côté des autres » et non pas « les unes sur les autres », se projetant ainsi vers un horizon commun.
Considéré comme l’un des grands penseurs actuels, il a publié récemment Universaliser. L’humanité par les moyens d’humanité (Albin Michel) et Ubuntu, entretien avec Françoise Blum (EHESS). Il a reçu en 2011 le prix Édouard-Glissant pour l’ensemble de son œuvre ainsi que le prix Dagnan-Bouveret de l’Académie des Sciences morales et politiques pour Bergson postcolonial. L’élan vital dans la pensée de Léopold Sédar Senghor et de Mohamed Iqbal (CNRS). Le prix Écritures et Spiritualités a été décerné en 2023 à son ouvrage De langue à langue. L’hospitalité de la traduction (Albin Michel).
Ses prédécesseurs « avaient déjà, par leurs réflexions originales autour de la responsabilité du musée dans une société divisée ou de la dimension coloniale de l’histoire du Louvre, contribué l’un et l’autre à faire de cette Chaire un rendez-vous propre à questionner les enjeux contemporains du musée, son identité, sa fonction et son message, précise le musée. Au cours de ses cinq conférences, le philosophe regardera comment les objets venus d’ailleurs ont pris racine au Louvre, s’y sont installés pour y trouver des significations nouvelles. Cette analyse le conduira à envisager le Louvre non pas comme un récit unique, qui tiendrait le reste à sa périphérie, mais comme un faisceau d’histoires enchâssées, un "récit de récits", fait d’autant de centralités qu’il y a de cultures représentées. »
Ce cycle de cinq conférences, dont The Art Newspaper France est partenaire, se déroulera à l’auditorium Michel-Laclotte du musée, à 19 heures : « La renaissance des "fétiches" en œuvres d’art » (25 novembre) ; « Quand les statues et les masques parlaient la langue des dieux » (28 novembre) ; « Accueillir le Pavillon des Sessions et les Arts d’Islam » (2 décembre) ; « La Joconde sourit aux masques sans fossette » (5 décembre) ; « Faire dialoguer les cultures » (9 décembre).
Le 20 novembre à 18 heures au Centre Dominique-Vivant Denon, Souleymane Bachir Diagne s’entretiendra avec Barbara Cassin à l’occasion de la publication de l’ouvrage issu de la Chaire du Louvre 2023, L’Odyssée au Louvre. L’identité d’Ulysse (Flammarion).