Après plusieurs mois de restauration, le musée d’Orsay présente jusqu’au 9 mars 2025 les bustes Chinois et Chinoise au sein de son cabinet d’architecture, dans l’espace « Paris ». C’est la première fois que les deux sculptures polychromes, réalisées en 1853 par Charles Cordier, sont montrées au public. L’œuvre sculpté de l’artiste fera par ailleurs l’objet d’une exposition spécifique dans les années à venir.
Les deux exemplaires restaurés représentent deux Chinois venus de Guangzhou (Canton) : Chung Ataï et sa deuxième épouse, Yung Achoi. Invités en Europe en 1851 par la reine Victoria d’Angleterre à l’occasion de l’exposition universelle de Londres, ils passent en octobre de la même année à Paris. Ils y posent pour Charles Cordier, qui termine ces deux bustes en 1853.
C’est avec ces deux bustes, qui seront exposés au Salon de 1853, que Charles Cordier réalise ses premiers essais de sculpture polychrome. Il y utilise des matériaux ordinairement peu utilisés en sculpture : émaux, peinture, ainsi que du bronze doré et argenté. Cette diversité de matériaux fait de Chinois et Chinoise de parfaits exemples de la sculpture polychrome du XIXe siècle, dont l’artiste est un pionnier. Il s’orientera par la suite vers l’assemblage de marbre et d’onyx qui fera sa réputation.
Charles Cordier (1827-1905) est l’un des rares sculpteurs à avoir consacré son œuvre à l’étude de la diversité humaine : des Égyptiens aux Soudanais, des Turcs aux Italiens, il coule toute l’humanité dans le bronze. Si ces deux sculptures sont saluées au Salon de 1853, il faudra attendre l’Exposition universelle de 1867 de Paris pour que l’artiste soit véritablement reconnu. L’empereur Napoléon III lui achète en 1860 deux bustes, Homme du Soudan en costume algérien et Arabe d’El Aghouat en burnous, aujourd’hui au musée d’Orsay, qui conserve une belle collection de son œuvre qualifiée d’« ethnographique ».