Né à Beaulieu-sur-Mer (Alpes Maritimes) en 1943, Louis Cane est décédé ce 3 novembre à Paris, comme nous l’a confirmé sa galerie, Ceysson & Bénétière. Il fut l’un des membres fondateurs de Supports / Surfaces (1969-1972) considéré comme le dernier mouvement français des avant-gardes du XXe siècle. S’interrogeant tout à la fois sur le statut de l’artiste et sur son identité en couvrant ses toiles du tampon « Louis Cane, artiste peintre », il explore l’acte de peindre de manière analytique à l’instar de ses collègues. Le châssis a disparu mais la toile demeure, tout comme les champs colorés et l’exploitation alors inédite de deux surfaces : le mur d’une part, le sol de l’autre, par de simples mais radicaux processus de découpe et de pliage de la toile. Ce sont ces fameux « Sol / Mur », une des séries les plus emblématiques et visuellement significatives de ce que fut Supports / Surfaces, jouant tant de la verticalité que de l’horizontalité. Ces toiles le plus souvent monumentales lui valurent rapidement une reconnaissance internationale. Il participe ainsi à la Documenta 6 à Cassel en 1977.
Louis Cane est également l’un des fondateurs de la revue Peinture, Cahiers théoriques en 1971 où la pensée dialectique de l’époque témoigne d’une exceptionnelle vitalité, même si elle se trouve parfois confrontée aux contradictions inhérentes entre la théorie et la pratique.
Très vite cependant, dès le milieu des années 1970, sa pratique s’oriente vers un retour progressif à la figuration et à l’usage de la toile sur châssis, et ce à la différence des autres artistes majeurs de sa génération qui n’ont cessé d’explorer et de développer la pratique initiale et fondatrice de leur œuvre, comme Claude Viallat, Niele Toroni, Claude Rutault, André Cadere et Daniel Buren. Tout en pratiquant la sculpture, il se replonge dans l’histoire de l’art et réinterprète à sa façon les œuvres de Velásquez, du Greco, de Cézanne, de Manet ou de Monet, en accordant une place importante à la figure féminine.
L’abstraction n’est pas abandonnée pour autant, avec un retour tardif à la prise en compte de l’espace et de la transparence avec ses travaux de résine sur grillages précisément intitulés Peinture vraiment abstraite dans les années 2000.
Personnalité haute en couleur, volontairement provocateur, Louis Cane ne s’est jamais laissé enfermer dans un style ni dans une discipline, lui qui était aussi, de par sa formation aux Arts décoratifs, un créateur de mobilier apprécié.