La ministre de la Culture, Rachida Dati, a annoncé sa décision de refuser d’accorder le certificat d’exportation pour une suite de six dessus-de-porte peints en 1892 par Édouard Vuillard pour le salon de l’hôtel particulier de Paul Desmarais, industriel, et de son épouse Léonie. En 1892, l’artiste avait obtenu par l’intermédiaire de l’architecte Stéphane Natanson la commande de ces panneaux pour décorer le salon de la demeure du beau-frère de ce dernier, construit sous le Second Empire et situé au 43 rue de Lisbonne, à deux pas du parc Monceau, à Paris.
Ce cycle de peintures décoratives est la toute première commande reçue par Édouard Vuillard, alors âgé de 23 ans. Un de ses rares ensembles décoratifs à n’avoir jamais été dispersé, il s’inscrit au cœur des recherches de l’artiste à cette période. À l’instar des autres Nabis, le peintre considère alors le décor comme une forme d’art à part entière.
Les « Panneaux Desmarais », restés en France jusqu’à ce jour, forment un ensemble d’un intérêt patrimonial majeur, avance le ministère de la Culture pour justifier son refus d’accorder le certificat d’exportation pour ce cycle. L’ensemble est complémentaire des œuvres de Vuillard et des Nabis conservées au musée d’Orsay, la collection de référence mondiale pour l’étude de ce mouvement artistique.
L’interdiction de sortie du territoire a été proposée par le musée d’Orsay. La Commission consultative des trésors nationaux a, quant à elle, émis un avis favorable à l’unanimité afin de reconnaître le statut de trésor national à cet ensemble en refusant de lui accorder une autorisation d’exportation.
« À partir de ces éclairages, confirmant l’importance de cette suite, la ministre a considéré que ce véritable manifeste nabi justifiait le recours à la procédure exceptionnelle du refus de certificat et marque ainsi son attention à la sauvegarde du patrimoine de notre pays. Elle forme le vœu que le délai de trente mois qui va s’ouvrir et le dispositif fiscal favorisant les acquisitions de trésors nationaux offrent l’opportunité prochaine d’enrichir les collections nationales conservées au musée d’Orsay d’un tel cycle décoratif de Vuillard demeuré complet et toujours en mains privées », précise le communiqué du ministère.