« Cette année, nous avons voulu offrir plus de liberté aux galeries, en évitant de les contraindre dans un cadre narratif trop rigide. Ainsi, nous avons repensé l’articulation de notre programme public », commente Clément Delépine, le directeur d’Art Basel Paris. L’édition 2024 marque une rupture, en comparaison des précédentes, de feu la FIAC et Paris+. Exit le parcours de sculptures dans le jardin des Tuileries (en raison du démontage des équipements des Jeux olympiques) et place à un hors-les-murs repensé autour de neuf lieux iconiques de Paris. L’objectif ? Créer un parcours urbain animé par de nombreuses œuvres importantes d’art moderne et contemporain, en dialogue permanent avec le Salon, qui célèbre son retour au Grand Palais rénové.
Nouveauté majeure, la griffe Miu Miu (fondée en 1993 par Miuccia Prada) est la partenaire officielle du programme public. À cette occasion, la mode s’invite au palais d’Iéna où est présentée « Tales & Tellers », une programmation élaborée par l’artiste Goshka Macuga et proposée par Elvira Dyangani Ose, directrice du MACBA (musée d’Art contemporain de Barcelone), qui explore le concept de féminité à travers différents prismes et le destin de plusieurs figures féminines.
Des sculptures par dizaine
Les organisateurs annoncent une belle liste de « nouveaux » lieux. L’avenue Winston-Churchill, rendue piétonne afin de faciliter les échanges entre le Grand Palais et le Petit Palais, accueille trois œuvres : Balmywisecrack, une sculpture métallique colorée de John Chamberlain (Mnuchin Gallery), Pumpkin (L) par Yayoi Kusama (David Zwirner) ainsi que la Maison démontable 6 × 9, une structure modulaire en acier réalisée en 1944 par Jean Prouvé (galerie Patrick Seguin). Au sein même du Petit Palais (également siège des Conversations) est exposée l’installation C’Mon England de Jesse Darling (lauréat du Turner Prize 2023), présentée conjointement par Arcadia Missa, Chapter NY, Molitor et Sultana. La cour intérieure de l’hôtel de la Marine abrite Aeolian, une éolienne cinétique de 1986 par l’artiste grec Takis (White Cube, en collaboration avec le Centre des monuments nationaux), tandis que le Domaine national du Palais-Royal accueille un jardin de sculptures. Parmi elles, la série Paravent Girls de Ghada Amer (Tina Kim, Marianne Boesky et Marian Goodman), Richard Long (Sperone Westwater), un ensemble en bronze des années 1990 signé Roberto Matta (Galleria d’Arte Maggiore) ainsi que Tribute to Moondog, une nouvelle œuvre de l’Allemand Thomas Schütte (Peter Freeman). Enfin, l’hôtel de Sully présente l’exposition « Lynn Chadwick : Hypercycle/Chapitre I : Scalène. 1947-1962 », une rétrospective de pièces majeures du sculpteur britannique, organisée par Perrotin, sous le commissariat de Matthieu Poirier, à qui l’on doit la dernière exposition de Chu Teh-Chun à la Fondazione Giorgio Cini, à Venise.
Art Basel Paris signe par ailleurs son retour dans quelques autres lieux. À l’intérieur de la chapelle des Petits-Augustins des Beaux-Arts de Paris est dévoilé A Real Boy, un projet de Jean-Charles de Quillacq, pensionnaire à la Villa Médicis (Marcelle Alix). Sur le parvis de l’Institut de France s’élève l’Arbre-serpents de Niki de Saint Phalle, une sculpture monumentale de 1988 (Galerie Mitterrand), alors que le musée Eugène-Delacroix célèbre l’artiste libanais Ali Cherri, à travers la mise en scène d’objets archéologiques encapsulés dans des vitrines (Almine Rech, en collaboration avec le musée du Louvre).
Sur la place Vendôme sont installées des œuvres de Carsten Höller, avec le concours de Gagosian, qui dispose d’un espace à quelques pas de là, rue de Castiglione. Trois champignons géants, dont un de 3 mètres de haut, parsèment la célèbre place Royale. Vénéneux certes, mais qu’il sera néanmoins possible d’acheter. « Je trouve les champignons attrayants à bien des égards, parce qu’ils sont si puissants en termes de forme, de couleur, de goût et de toxicité, et qu’ils sont si inutiles, a déclaré l’artiste. Ils constituent une véritable énigme : nous ne savons pas pourquoi ils ont la forme qu’ils ont. En général, l’évolution est adaptative, mais là, je ne vois pas chez eux d’adaptation. »