La lourde défaite de la majorité présidentielle lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024 laissait augurer d’un passage éclair de Rachida Dati Rue de Valois, après sa nomination surprise le 11 janvier 2024 pour remplacer Rima Abdul Malak. Le 16 juillet, Gabriel Attal avait d’ailleurs remis sa démission et celle de son gouvernement. Tout l’été, la ministre a expédié les affaires courantes, publiant régulièrement des communiqués d’hommages aux disparus de la culture. Il faut dire qu’Emmanuel Macron a pris son temps avant de nommer un nouveau Premier ministre. Décrétant d’abord une trêve olympique, le président de la République a ensuite balayé d’un revers de main la candidature de Lucie Castets unanimement proposée par le Nouveau front populaire arrivé en tête aux élections, avec 193 élus. Malgré la déroute de Renaissance, dont le nombre des députés a baissé de plus de 40 %, passant de 169 à 99, Emmanuel Macron n’a jamais semblé disposé à entrer en cohabitation. Le Premier ministre qu’il a finalement nommé le 5 septembre, Michel Barnier, figure des Républicains, a d’ailleurs déclaré au journal télévisé de France 2 le 22 septembre : « Nous ne sommes pas en cohabitation » !
Dans le nouveau gouvernement qui s’annonçait classé très à droite, ce que les résultats du 7 juillet étaient loin de laisser présager, la reconduction au ministère de la Culture de Rachida Dati, prise de guerre du président issue des Républicains, semblait de plus en plus probable ces derniers jours. Elle-même avait en effet appelé de ses vœux une coalition entre le camp présidentiel et la droite républicaine. Elle avait aussi réaffirmé sa volonté de poursuivre sa mission Rue de Valois, une scène de choix pour exprimer son opposition de toujours à la maire de Paris Anne Hidalgo.
Reste que dans le difficile contexte financier actuel, il lui faudra beaucoup d’énergie pour défendre le budget de son ministère, qui a déjà été raboté de 204,3 millions d’euros en février. De difficiles arbitrages seront aussi à opérer entre le soutien à la création actuelle et la sauvegarde du patrimoine. Elle devra aussi se pencher sur le Pass Culture, grand œuvre d’Emmanuel Macron, épinglé récemment par la Cour des comptes. Elle avait en juillet affirmé qu’il était nécessaire d’engager une « réforme de fond » de ce dispositif qui pèse pour 251 millions d’euros dans le budget du ministère. Un sujet sensible, car ici encore, on touche au domaine réservé du président de la République…