Une nouvelle édition du Parcours des mondes vient de s’ouvrir à Paris sous le soleil, transformant pour les collectionneurs du monde entier les rues de Saint-Germain-des-Prés en musée à ciel ouvert. Le salon international consacré aux arts d’Afrique, d’Océanie, des Amériques, d’Asie et à l’Archéologie fédère une soixantaine de galeries pour cette 23e édition, dont l’invité d’honneur est le collectionneur Marc Ladreit de Lacharrière.
Dès l’ouverture, quelques ventes ont déjà été réalisées, toutes auprès d’acheteurs internationaux. La galerie Bernard de Grunne précise avoir vendu quelques œuvres à des musées au-delà des frontières françaises alors que le marchand présente une étonnante collection de céramiques. Une poterie anthropomorphe Teke provenant de la République démocratique du Congo (début XXe siècle) est déjà partie pour 25 000 euros. À deux pas, Didier Claes propose des chefs-d’œuvre du peuple Senufo (Afrique de l’Ouest) dont une cuillère cérémonielle ayant appartenu au collectionneur René Rasmussen. Le marchand belge se réjouit de la réunion d’une paire de statues, un Couple primordial en bois (fin XIXe siècle) passé entre les mains du marchand Charles Ratton (à 450 000 euros). C’est l’une des pièces les plus importantes de cette édition avec, entre autres, une figure masculine Mfumte du Cameroun à 145 000 euros apportée par le marchand David Utzon Frank – qui vient d’ouvrir une galerie à Copenhague –, à côté d’un ensemble de 28 haches en pierre néolithiques danoises, proposées d’un bloc à 62 000 euros, ou séparément.
La galerie milanaise Dalton Somaré se distingue quant à elle en exposant à la fois des œuvres d’art africain et d’art hindo-bouddhiste. Parmi les pièces phares : un gardien de reliquaire (Gabon, XIXe siècle) également passé par Charles Ratton et une entretoise avec apsara (Népal, Xe-XIe siècle).
Tout au long du Parcours, les marchands explorent des ponts avec l’art moderne. Le Suisse Patrik Fröhlich inclut dans son accrochage une œuvre du peintre américain William Nelson Copley, ami de René Magritte, représentant, non sans clin d’œil à ce dernier, une pipe au centre de son tableau. Il expose également une figure Kakame (Golfe de Papouasie, XIXe - début du XXe siècle) comme sa pièce maîtresse (28 000 euros). Sur cet objet magique se distingue un masque, faisant ainsi écho aux inspirations surréalistes. Le galeriste se dit satisfait de ce début de salon « très actif ». On retrouve aussi entre ses murs un totem ayant appartenu à André Breton et Paul Éluard (14 500 euros). Plus loin, les experts Charles-Wesley Hourdé et Nicolas Rolland ont conçu l’exposition « Surréalisme - zones de contact ». Les œuvres, en grande partie non disponibles à la vente, ont appartenu aux plus grands du mouvement, comme André Breton, Roberto Matta et Tristan Tzara. Lucas Ratton profite aussi de cette actualité pour faire dialoguer des pièces d’art africain et les œuvres de Jean Messagier des années 1940, dont des gravures de l’artiste, plutôt méconnues. Le galeriste souhaite « travailler pour une nouvelle génération de collectionneurs, éduquer un nouvel œil grâce à cette mise en écho ».
Enfin, pour la deuxième année consécutive, le salon propose un espace « showcase » destiné aux premières participations. Il réunit Grégory Chesne, Frank Van Craen et Christophe Person. Persuadé qu’une « perméabilité est en train de se mettre en place » entre l’art contemporain africain et classique, ce dernier expose un solo show de l’artiste malien Amahiguere Dolo (1955-2022). En présentant ses peintures sur sacs de ciment et ses sculptures en bois, le galeriste espère bien susciter des croisements au sein des collections, et de nouvelles vocations de collectionneurs.
Parcours des Mondes, Jusqu’au 15 septembre 2024, Saint-Germain-des-Prés, 75006 Paris.