Le Smithsonian’s Hirshhorn Museum and Sculpture Garden de Washington, aux États-Unis, a nommé le conservateur colombien José Roca conservateur pour l’art latino-américain et de la diaspora latine. Il est le premier à occuper ce poste parrainé par la philanthrope Estrellita B. Brodsky, élue présidente du conseil d’administration du musée au début de l’année et membre du conseil d’administration depuis 2022.
Dans une déclaration à The Art Newspaper, Estrellita B. Brodsky affirme que José Roca est un « conservateur érudit et expérimenté qui possède une connaissance approfondie de l’art latino-américain et une vaste expérience internationale ». Elle ajoute que le 50e anniversaire du musée cette année est le « moment idéal pour réfléchir à la collection internationale de classe mondiale et aux expositions du Hirshhorn au cours des dernières décennies, et pour définir une feuille de route pour l’avenir ».
Estrellita B. Brodsky – chercheuse, collectionneuse et défenseuse de longue date de l’art latino-américain – a également parrainé José Roca au poste de conservateur adjoint de l’art latino-américain à la Tate à Londres, qu’il a occupé entre 2012 et 2015. À ce titre, José Roca a participé à la supervision des acquisitions et des dons d’œuvres d’artistes tels que Beatriz González, Gego, Cecilia Vicuña, Marta Minujín et Daniel Steegmann Mangrané.
En étroite collaboration avec la conservatrice en chef du Hirshhorn Museum, Evelyn Hankins, José Roca aura pour mission de renforcer les collections et les expositions d’art des XXe et XXIe siècles du Mexique, des Caraïbes, de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud. Selon José Roca, le terme « art latino-américain » est difficile à définir, car il « décrit une région géographique et démographique aussi diversifiée culturellement que l’Europe, l’Asie ou l’Afrique ».
« Si la définition de la région était autrefois difficile, elle l’est encore plus aujourd’hui, car les migrations volontaires ou forcées ont effacé la notion de localité. Les artistes opèrent à l’échelle mondiale et nombre d’entre eux n’ont pas d’atelier, travaillant en résidence ou sur commande, explique José Roca. Qui peut être considéré comme latino-américain et quels en sont les critères ? Il n’y a pas de dénominateur commun ni de règle générale. »
Il ajoute que la collection du musée, qui compte plus de 13 000 œuvres, comporte d’importantes œuvres d’Amérique latine, mais que « des pièces contemporaines plus significatives devraient être acquises pour compléter le noyau existant de maîtres modernistes ».
De 2012 à 2022, José Roca a dirigé l’espace d’art contemporain Flora ars + natura à Bogotá, qu’il a cofondé avec sa partenaire, Adriana Hurtado. L’espace s’est concentré sur l’exploration des liens entre l’art et la nature et a été lancé comme un programme de résidence à court terme (avec des résidents tels que Mark Dion et Barthélémy Toguo) avant de s’étendre pour englober un programme d’étude indépendant basé sur la pratique qui offrait aux artistes, aux critiques et aux conservateurs un atelier à Bogotá (les participants comprenaient Coco Fusco et Cuauhtémoc Medina).
En 2020, José Roca a été nommé directeur artistique de la 23e Biennale de Sydney. Il est retourné en Colombie en 2022 et a fermé Flora, qui a eu du mal à maintenir sa programmation après la pandémie. Entre-temps, en 2019, il a organisé l’exposition inaugurale d’El Espacio 23 à Miami, l’espace d’art contemporain que le collectionneur Jorge M. Pérez a fondé dans le quartier d’Allapattah pour accueillir des expositions tournantes de sa collection.
José Roca a occupé d’autres fonctions importantes, notamment celle de conservateur de la collection Lara à Singapour entre 2012 et 2020, de conservateur de la 27e Biennale de São Paulo en 2006 et de conservateur en chef de la 8e Biennale do Mercosul à Porto Alegre en 2011. Il a publié plusieurs ouvrages sur l’art latino-américain, dont Transpolitical : Art in Colombia 1992-2012 en collaboration avec Sylvia Suárez.
Depuis son retour en Colombie en 2022, José Roca réside dans une ferme près de Bogotá ; il ne s’installera pas à Washington pour occuper son nouveau poste au Hirshhorn Museum. « Depuis des années, je travaille sur des questions telles que les droits des entités non humaines, des rivières et autres étendues d’eau, […] ainsi que sur les relations complexes entre le projet colonial et les discours scientifiques, botaniques et politiques – des thèmes que de nombreux artistes d’Amérique latine et de sa diaspora ont abordés, explique José Roca. Ces intérêts ne manqueront pas d’influencer mon action au Hirshhorn. »
Dans un communiqué, la directrice du Hirshhorn Museum, Melissa Chiu, indique que José Roca arrive au musée à un « moment charnière », alors que l’institution « réimagine la conception de son campus et l’orientation de ses achats afin d’accroître l’accès à la collection nationale d’art moderne et contemporain ». Sa nomination « élargit notre équipe de conservateurs en vue de la réalisation de notre mission ».