À côté d’Arles, cachée dans la verdure, la villa Benkemoun s’ouvre exceptionnellement à la visite pendant un mois, jusqu’au 29 septembre, son inauguration coïncidant avec la semaine du salon Art-o-rama à Marseille. Le temps d’une exposition est célébré un demi-siècle d’existence de cette maison privée, conçue par l’architecte Émile Sala pour Pierre et Simone Benkemoun. Sa propriétaire actuelle, leur fille Brigitte Benkemoun, auteure et journaliste, a convié le jeune commissaire Raphaël Giannesini à investir les lieux avec un accrochage autour de 1974. Cette année-là « marque la crise du pétrole et la fin des Trente Glorieuses, souligne le commissaire. Un moment où les utopies sont rattrapées par la réalité économique et politique ».
Dessins d'architecture de centrales nucléaires par Claude Parent. Photo A.C.
C’est dans ce contexte géopolitique paradoxal que les œuvres sélectionnées, provenant de FRAC ou de collections privées, replacent cette création architecturale organique des Seventies, toute en courbes, avec entre autres son salon à la cheminée en hauteur en métal et son canapé de Joseph-André Motte conçu pour l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. Des croquis de Claude Parent montrent des centrales nucléaires dont il a dessiné la silhouette moderne, symbole de modernité et d’indépendance énergétique mais aussi de catastrophes potentielles… Plus loin, une installation rappelle le cri d’alarme de René Dumont, écologiste visionnaire qui pointait les risques de ces industries ou le problème de l’eau sur terre. Dans l’une des chambres, une affiche du film dénonçant la politique politicienne, La Race des seigneurs, avec Alain Delon – disparu cet été – a été revisitée par l’artiste Danai Anesiadou, actuellement à l’affiche au WIELS à Bruxelles. Partout dans la maison, les œuvres – signées entre autres d’Absalon, Gae Aulenti, Katinka Bock, Isabelle Cornaro, Noël Dolla, Alain Jacquet, Michel Journiac, India Mahdavi ou Jacques Villeglé – sont choisies avec finesse et parfois une touche d’humour et font renaître cette époque ambiguë qui n’a pourtant pas balayé toutes les utopies.
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Visite sur réservation : villabenkemoun50@gmail.com