La passion pour le ciel étoilé et les mystères du cosmos remonte à la nuit des temps, si l’on peut dire. Toutes les civilisations ont cherché à comprendre le fonctionnement de l’univers et notre relation aux autres galaxies, ce panorama changeant au gré des jours. La diffusion de la connaissance de l’univers fit un bond considérable au XIXe siècle, notamment avec les ouvrages du savant Camille Flammarion (1842-1925), auteur du traité de planétologie La Pluralité des mondes habités paru en 1862. Vingt-six ans plus tard, Vincent van Gogh est à Arles et il y réalise la Nuit étoilée, paysage nocturne dans lequel il peint le reflet des astres sur le Rhône. Ce tableau insigne conservé à Paris au musée d’Orsay est exceptionnellement exposé jusqu’au 25 août à la Fondation Vincent van Gogh Arles, à la fois dans le cadre des 150 ans de l’impressionnisme et des dix ans de l’institution arlésienne. Cette toile est au centre de la passionnante exposition « Van Gogh et les étoiles », conçue par les commissaires Bice Curiger et Jean de Loisy, réunissant soixante-dix artistes environ autour de la représentation de la voûte céleste, mais aussi des scènes nocturnes ou même de la généralisation de l’éclairage artificiel des villes, avec par exemple les lampadaires qui apparaissent sur les photographies des rues de Paris de Charles Marville. Ce développement exponentiel de l’éclairage urbain et périurbain sur l’ensemble de la planète a conduit dans le même temps à l’occultation de la nuit étoilée, un thème notamment abordé par Djabril Boukhenaïssi, à la fois présent dans le parcours de la Fondation Vincent van Gogh Arles et à l’Espace MA – Lee Ufan Arles où il présente l’exposition « À ténèbres ».
Lauréat de la première édition du Prix Art & Environnement lancé par Lee Ufan Arles et la Maison Guerlain, Djabril Boukhenaïssi a bénéficié d’une résidence dans un atelier aménagé en face de l’Hôtel Vernon, siège de la fondation du Coréen. L’artiste né en 1993 a pu y produire sur place pendant deux mois et demi une série de huit peintures réalisées spécialement, dont la plus grande toile qu’il ait peinte à ce jour – paysages nocturnes violets sans étoile qui en deviennent presque liquides –, mais aussi un ensemble de gravures centrées sur le phalène, ce papillon de nuit qui porte bien son nom. Étrangement, ce dernier n’a guère inspiré les artistes. « Le phalène est un insecte qui est attiré par la lumière et meurt aussi par elle, brûlé par les lampadaires ou les ampoules. Pour moi, c’était donc un animal privilégié pour parler de cette question-là », explique l’artiste. L’apparition, la disparition, la nuit et les étoiles, ici encore.