Audrey Flack, pionnière de la peinture photoréaliste, est morte le 28 juin 2024 à Southhampton, dans l’État de New York. Son décès a été confirmé par son ancien marchand et ami, Louis K. Meisel, ainsi que par Hollis Taggart, la galerie qui la représentait depuis 2015.
Audrey Flack est née à New York en 1931. Elle a fréquenté la High School of Music and Art de New York avant d’étudier à la Cooper Union. Plus tard, Josef Albers l’a sélectionnée pour entrer à la Yale School of Art. Elle fréquente la scène artistique de Manhattan, côtoyant des géants de l’expressionnisme abstrait tels que Willem de Kooning et Jackson Pollock.
Le langage photoréaliste développé dans les années 1960 par Audrey Flack, qui lui est propre, constitue un bouleversement visuel tant dans le domaine que dans l’évolution de sa pratique, l’éloignant de la bravoure masculine de l’expressionnisme abstrait pour l’orienter vers un univers plus vulnérable et plus explicitement féministe. Au cours de ses sept décennies de carrière, elle a participé à d’innombrables expositions et ses œuvres ont été acquises par de nombreuses collections institutionnelles importantes, dont le Metropolitan Museum of Art, le Solomon R. Guggenheim Museum, tous deux à New York, et le Los Angeles County Museum of Art. Ses archives seront bientôt conservées par les Archives of American Art de la Smithsonian Institution.
Audrey Flack est surtout connue pour ses grandes natures mortes lumineuses et chargées, compositions personnelles imprégnées de la gravité des autels religieux. Juxtaposant des symboles de l’histoire de l’art, tels que des crânes de memento mori, à des cartes de tarot, des bijoux et des tubes de rouge à lèvres, ses compositions délibérément féminines ont déchaîné contre elle la critique d’art, Hilton Kramer l’a surnommant la « Barbra Streisand du photoréalisme » dans un article de 1976 paru dans le New York Times, qui s’insurgeait contre la décision du Museum of Modern Art de faire d’elle la première artiste photoréaliste à entrer dans sa collection permanente. Alors que d’autres représentants du mouvement, comme Richard Estes et Robert Cottingham, préféraient les sujets urbains et industriels purs et durs, les œuvres émotives et intimes d’Audrey Flack ont eu un impact au-delà des limites du mouvement qu’elle a contribué à créer.
À la fin des années 1980, Audrey Flack a commencé à réaliser des œuvres tridimensionnelles, en produisant des sculptures en bronze de grande taille représentant des déesses. « La créativité sans limite d’Audrey a marqué sa carrière, qui s’est déployée sur sept décennies, en innovant constamment et en recherchant de nouveaux moyens d’expression, des premières années de l’expressionnisme abstrait à la figuration du milieu du siècle, en passant par le photoréalisme et en culminant dans son dernier chapitre, le "Pop Baroque", a déclaré Hollis Taggart dans un communiqué. Ses mémoires saluées par la critique, publiées quelques mois seulement avant son décès, révèlent son véritable esprit et sa capacité à surmonter tous les obstacles pour atteindre ses objectifs ambitieux. Elle nous manquera énormément. »
En mai, Audrey Flack a publié With Darkness Came Stars, ses mémoires qui évoquent avec humour et finesse sa longue carrière, son ex-mari violent et les défis que représente l’éducation d’une fille autiste. Elle a qualifié de « flux temporel » le patchwork visuel de ses expériences de vie, attribuant la qualité lumineuse de ses peintures à sa vision : « Mes yeux étaient excellents, j’avais une vision incroyable, écrit-elle. Un œil voyait dans les tons bleus et l’autre dans les tons chauds. J’étais une coloriste. […] Ce qui est surréaliste pour moi, c’est ce qui est arrivé à ma façon de voir le monde. Mes couleurs sont devenues plus vives et plus claires. C’est surprenant. »
« En quatre mots, Audrey se décrivait comme une artiste, une mère, une enseignante, une rebelle, a déclaré Chloe Pickoff, directrice du studio de l’artiste, à The Art Newspaper. Elle était vraiment tout cela, mais en plus, elle était sans cesse en train d’explorer, et je suis fière de dire que c’était une amie très chère. Rares sont les personnes avec lesquelles j’ai pu parler d’art avec autant de profondeur et explorer à leurs côtés une telle collaboration. »
Cet automne, le Parrish Art Museum de Water Mill, dans l’État de New York, inaugurera une exposition de ses œuvres récentes, sous le titre « Audrey Flack : Mid-Century to Post-Pop Baroque » (13 octobre 2024-6 avril 2025).