Structurée en deux temps – le Brésil en France d’avril à septembre 2025 et la France au Brésil d’août à décembre 2025 –, cette saison croisée marque également le bicentenaire des relations diplomatiques, vingt ans après le succès retentissant de la première saison brésilienne en France en 2005, qui avait touché 15 millions de personnes et présenté 430 manifestations culturelles dans 161 villes françaises. La commissaire générale côté français ? Anne Louyot, une diplomate ayant une grande expérience du Brésil et de ce type d’événements pour avoir organisé l’année de la France au Brésil en 2009 et la saison France-Colombie en 2017. Emilio Kalil est, lui, le chef d’orchestre côté brésilien. L’homme de Rio est ancien secrétaire à la Culture de Rio de Janeiro et directeur respecté d’éminents établissements culturels du pays (théâtres municipaux de Rio et São Paulo, Biennale de São Paulo et Fondation Iberê Camargo de Porto Alegre).
À Paris, le musée du quai Branly consacrera une exposition inédite à l’Amazonie du 30 septembre 2025 au 18 janvier 2026. Elle montrera la création autochtone et la diversité culturelle de cette région – du Brésil, de la Guyane française, du Suriname, du Guyana, de la Bolivie, de l’Équateur, du Pérou, de la Colombie, du Venezuela – du point de vue uniquement autochtone et non à travers nos yeux d’Occidentaux. Ce parti pris rafraîchissant choisi par le commissaire Leandro Varison – anthropologue chargé de la recherche au musée – permet de comprendre comment les peuples indigènes se voient eux-mêmes et comment ils voient le monde. L’exposition adopte le point de vue des habitants de ces terres. C’est pourquoi le co-commissaire Denilson Baniwa et l’ensemble du comité scientifique sont tous des autochtones d’Amérique latine. L’accent sera mis sur la diversité de ces peuples indigènes vivant en Amazonie – 320 langues utilisées, 20 fois plus qu’en Europe –, et leur vitalité.
Contrairement à la croyance générale, l’Amazonie n’a jamais été un coin isolé du monde. Ces communautés ne sont pas figées dans le passé et la tradition, elles sont bien vivantes et continuent de créer. Aussi, 20 % de l’exposition sera consacré à l’art contemporain autochtone. Ce sera l’occasion de découvrir le très beau fonds amazonien du XIXe siècle du musée (90 % des pièces montrées n’ont jamais été exposées) et d’avoir des prêts exceptionnels provenant de l’université de São Paulo pour l’archéologie (fonds Claude Lévi-Strauss jamais montré en Europe) ; de la communauté Karajá pour douze coiffes impressionnantes exposées exceptionnellement hors vitrine ; de la Fondation Cartier pour l’art contemporain pour des dessins Yanomami ; et du Centre Pompidou en pleine effervescence aujourd’hui, avec une œuvre monumentale de Jaider Esbell, Carta ao velho mundo.
On parlera également d’Amazonie au musée des Confluences à Lyon avec « Amazonies amérindiennes », du 18 avril 2025 au 8 février 2026. L’exposition est le résultat de trois missions effectuées sur le terrain au Brésil par Marie-Paule Imberti (chargée des collections des Amériques du musée) dans trois communautés autochtones brésiliennes vivant en Amazonie : les Kayapos, les Asháninkas et les Wayana et Apalaï. Accompagnée de l’ethnologue-vidéaste aguerri Serge Guiraud, l’anthropologue de formation a travaillé en collaboration avec ces peuples indigènes sur la production de plus de 500 objets au total représentant leur culture, leur croyance et leur savoir-faire. L’enrichissement des collections matérielles et immatérielles du musée n’est pas le seul objectif. L’idée est aussi de rencontrer celles et ceux qui font ou qui utilisent ces objets afin de conserver leur témoignage par la parole ou l’image pour expliciter la fonction des objets, leurs usages, les rites qui leur sont liés. Cette production artisanale contemporaine sera complétée par des objets de la collection Aldo Lo Curto donnés au musée en 2001 quand il s’agissait encore du Muséum d’histoire naturelle de Lyon. Pour Christian Sermet, responsable du service des expositions au musée des Confluences, la scénographie visuelle et auditive plongera le visiteur dans la vie de ces villages très variés au sein de la forêt ou au bord des fleuves. Toute une expérience à vivre.
Enfin, le Brésil devrait également être l’invité d’honneur du Festival de Cannes et sans doute aussi celui du Festival du Livre de Paris, dont l’inauguration est prévue le 10 avril 2025.