Le musée de l’Armée, situé au cœur de l’Hôtel national des Invalides, à Paris, a réalisé plusieurs acquisitions, pour certains en ventes publiques, ou par le biais de dons. Parmi ces objets, figurent des emblèmes de la 2e compagnie des mousquetaires du Roi dits mousquetaires noirs, datant de 1814, un dessin réalisé à l’encre noire et au lavis brun intitulé Les Malheurs de la guerre, datant de 1793 environ, réalisé par Louis-Léopold Boilly (1761-1845), ou encore un fusain de Nikita Kadan (né en 1982).
L’acquisition des emblèmes de la 2e compagnie des mousquetaires du Roi dits mousquetaires noirs, datant de 1814, réalisés en soie brodée, avec des fils métalliques et des sequins, résulte d’un achat en ventes publiques avec exercice du droit de préemption. L’institution revient sur l’histoire de cet objet : « Au retour de la monarchie en France en 1814, Louis XVIII, désireux de légitimer son pouvoir et de renouer avec les traditions de l’Ancien Régime, remet sur pied la Maison militaire du roi. Cette dernière est notamment constituée des célèbres compagnies de mousquetaires chargés d’assurer sa protection et de rehausser son prestige. Ces emblèmes sont ceux remis par le roi à la 2e compagnie, dite des mousquetaires noirs en raison de la robe des chevaux qu’ils montaient ». Le roi en fait don, lors de la dissolution de la compagnie en 1816, à son commandant, le marquis Adélaïde Blaise François Le Lièvre, marquis de La Grange (1766-1833). Ils se sont ensuite transmis à sa descendance jusqu’à leur acquisition par le musée de l’Armée.
Les Malheurs de la guerre, de Louis-Léopold Boilly (1761-1845), réalisé vers 1793, représente « un soldat détournant son regard d’une femme morte, son enfant pleurant sur sa poitrine découverte ». L’œuvre, qui dégage une « grande force dramatique », a été réalisée au cours de la Révolution française. Elle est en effet à mettre en parallèle avec les événements ayant eu lieu en France. « Il propose ici une iconographie singulière de l’expérience de guerre et montre les conséquences des conflits sur les populations civiles », précise le musée. Le dessin vient enrichir la collection se rapportant à l’Ancien Régime et à la période révolutionnaire.
Nikita Kadan est une figure de la scène contemporaine ukrainienne depuis les années 2000. Le musée de l’Armée a acquis un fusain sur papier de l’artiste, d’une dimension de 27,9 cm de hauteur et de 42 cm de longueur, auprès de la galerie Jérôme Poggi, située dans le 4 e arrondissement de Paris. « Artiste immergé dans le conflit russo-ukrainien en cours, il poursuit sa création artistique dans une perspective de témoignage sur la situation actuelle en Ukraine », commente le musée. Ce dernier a acquis trois dessins de la série The Shadow on the Ground (2022), dans lesquels « Nikita Kadan représente des ombres gisantes reposant sur des champs de terre noire ». L’artiste ukrainien fait référence au paysage du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, un « territoire aux enjeux stratégiques forts ». Cette acquisition répond au Projet scientifique et culturel du Musée visant à ouvrir les collections à la création contemporaine et à développer une relation avec l’histoire immédiate.