Mercredi 5 juin 2024, Christie’s dispersera à Paris la collection Crémieux. « La vente de cette collection familiale est un hommage au couple de Résistants Rosine et Claude Crémieux qui, ensemble, devenus collectionneurs, partagèrent une passion pour l’art moderne et contemporain dont le noyau impressionniste de la collection provient du grand-père de Rosine, Georges Bernheim, originaire d’Elbeuf [Normandie] sans lien avec les marchands d’art de la galerie Bernheim-Jeune », explique le spécialiste de Christie’s Antoine Lebouteiller. L’ensemble est estimé de 3,9 à 5,5 millions d’euros, pour une centaine d’œuvres.
Rosine Bernheim-Crémieux et Claude Crémieux ont fait preuve d’un engouement pour l’art certes, mais d’abord d’un engagement humain et personnel dans la Résistance. La première, à peine âgée de 18 ans, rejoint la clandestinité et l’hôpital du Vercors – déportée à Ravensbrück, elle s’en évadera. Après la Seconde Guerre mondiale, elle deviendra psychanalyste. Quant à Claude Crémieux, il rejoint lui aussi à 20 ans la Résistance comme « cadet de la France libre » avant de devenir avocat comme sa mère. Le couple reçoit fréquemment des artistes en amis, tout en étant proche des galeristes Nicole et Lucien Durand.
Dans l’ensemble mis en vente chez Christie’s, la scène française est bien représentée avec des artistes tels que Geneviève Asse, Serge Poliakoff, Jean Dubuffet, Auguste Herbin, sans compter « la scène internationale avec des artistes tels que Sol LeWitt, Robert Rauschenberg ou encore Tom Wesselmann », précise Antoine Lebouteiller. Grâce à l’héritage familial, la collection comprend le bronze Deux petits léopards de Rembrandt Bugatti estimé de 250 000 à 350 000 euros et daté de 1912. Pour 150 000 à 250 000 euros, les amateurs pourront enchérir sur une composition d’Auguste Herbin de 1929 ou encore un frottage surréaliste de Max Ernst de 1925 pour 30 000 à 40 000 euros.
L’un des clous de la vente est signé Nicolas de Staël, avec Quai de Grenelle (1954), évalué de 600 000 à 800 000 euros. Autres vedettes : Serge Poliakoff, avec Rouge et gris de 1957 (est. 180 000-250 000 euros) mais aussi Jean Dubuffet avec deux œuvres de la période des « Texturologies » et des « Matériologies » dans lesquelles le Résistant et galeriste Daniel Cordier voyait chez l’artiste « le point ultime de ses expériences ». L’une est évaluée de 200 000 à 300 000 euros, l’autre de 250 000 à 350 000 euros. Des œuvres d’Henri Michaux, Gérard Titus-Carmel, Jean Degottex, François Rouan complètent entre autres la section française. Toujours en Europe, figurent dans la vacation des pièces de Giacomo Balla, Maria Helena Vieira da Silva…
Enfin, outre-Atlantique, trois œuvres de Wifredo Lam (dont l’une estimée de 250 000 à 350 000 euros), une œuvre sans titre de 1972 par Robert Rauschenberg (est. 70 000-100 000 euros) mais aussi Franz Kline ou Tom Wesselmann sont aussi au menu de cette collection décidément éclectique et panoramique sur toute une époque.
« Collection Crémieux, passion privée », le 5 juin 2024 à 16 heures, Christie’s, 9 avenue Matignon, 75008 Paris, www.christies.com