Jamais deux sans trois. Après deux éditions en demi-teinte, le Salon BAD+ (Bordeaux Art & Design) lancé par Jean-Daniel Compain revenait au Hangar 14 du 29 mai au 2 juin 2024 pour un 3e volet plein de promesses et d’attentes. Son ambition ? Se renforcer et s’ancrer en région comme un rendez-vous conjuguant l’art, le design et l’art de vivre. BAD+ a ainsi innové cette année. Outre le renforcement de ses équipes (Marie Maertens en tant que directrice artistique et Haily Grenet comme commissaire adjointe), de nouveaux projets ont vu le jour à l’instar d’un programme de résidences artistiques dans les châteaux partenaires et la création de deux prix d’art et de design. Néanmoins, innover prend du temps. Et le site majestueux de Bordeaux, célèbre pour son patrimoine bachique, ne fait pas tout. Trois éditions, c’est peu. BAD+, qui est au début de sa toute jeune histoire, n’aspire qu’à se consolider.
Malgré une fréquentation moyenne (près de 6 300 visiteurs sur trois jours, soit un chiffre stable par rapport à 2022), certains ont tiré leur épingle du jeu. « Cette 3e édition fut très encourageante et apporte une nouvelle dynamique. BAD+ prend ses marques et va grandir. Les organisateurs sont à l’écoute, il faut leur faire confiance. Rien n’est jamais gagné », assure la galeriste Véronique Smagghe au moment où elle concluait ses dernières ventes sur son stand, dimanche soir. Même son de cloche pour l’enseigne bordelaise Bakery Art Gallery. « Nous sommes très contents que la ville, qui souffre d’un déficit de visibilité, revitalise son tissu artistique grâce à BAD+. Après une édition 2023 compliquée, les clients ont été au rendez-vous cette année et ont été surpris par la qualité des propositions », explique Christian Pallatier, le directeur de la galerie. Ce dernier a notamment vendu un grand triptyque de François Mangeol pour 7 000 euros, une toile de Jean-René Hissard pour près de 20 000 euros ainsi que des photographies autour de 1 200 euros d’Anaïs Tondeur, une artiste qui fera l’objet d’une exposition à la Maison européenne de la photographie à Paris à la fin de l’année.
De son côté, et pour sa première participation, Lara Sedbon s’est séparée de trois œuvres signées Fabien Mérelle et Lélia Demoisy entre 4 500 et 8 000 euros. « Nous étions très heureux que Lélia ait été sélectionnée par le château Smith Haut Lafitte pour y effectuer sa résidence. Cela nous a permis de nouer un contact avec les collectionneurs locaux et de nous rendre identifiables auprès du public bordelais », confie la galeriste.
Autre première avec la galerie Eric Mouchet qui a vendu une pièce de Louis-Cyprien Rials pour 9 000 euros ainsi qu’un cliché issu de la série des Paysages Enfouis de Capucine Vever pour 2 000 euros. « Beaucoup de négociations sont cependant restées en suspens. Le public régional prend son temps et analyse les choses sérieusement », décrypte la galerie. Un état de fait partagé par l’enseigne bruxelloise Harlan Levey Projects qui exposait des œuvres de l’artiste australien Sean Crossley (entre 5 500 et 14 500 euros) ainsi que par des habitués de BAD+ chez qui les ventes ont été plus discrètes, comme Anne-Sarah Bénichou ou HdM Gallery.
Enfin, et toujours largement embryonnaire, le design était présent avec des fidèles comme Sorgin Gallery qui présentait un miroir en marbre blanc et sablé de Fabio Hendry, la Galerie Sabrina Lucas avec un magnifique trône de Salomé Cousseau, ainsi que la galerie d’Amsterdam Mia Karlova dont le stand présentait notamment une Blue Jean Table de Jordi Sarrate qui n’avait pas encore trouvé preneur hier soir. « Nous avons vendu quelques pièces autour de 10 000 euros. Mais au-delà des ventes, la Foire fut un succès avec les nombreux contacts que la galerie a noué avec les principaux collectionneurs de la région », conclut quant à elle Mia Karlova.