Une œuvre qui aurait été peinte par Le Caravage au XVIIe siècle sera exposée au musée du Prado à Madrid à la fin du mois de mai 2024. Le tableau, connu sous le nom d’Ecce Homo (vers 1605-1609), a été retiré d’une vente aux enchères à Madrid en 2021 après que les conservateurs du Prado ont déclaré qu’il existait « suffisamment de preuves stylistiques et documentaires » pour suggérer qu’il pourrait s’agir d’un original du Caravage. La galerie Colnaghi, spécialisée en maîtres anciens et basée à Londres et à New York, a ensuite supervisé l’authentification et la restauration complète de l’œuvre.
Cet Ecce Homo, qui représente Jésus coiffé d’une couronne d’épines avant sa crucifixion, sera exposé au musée madrilène du 28 mai 2024 jusqu’au mois d’octobre. « Depuis que le musée du Prado a alerté le ministère espagnol de la Culture de l’importance du tableau lorsqu’il est apparu dans une vacation de la maison de ventes Ansorena en avril 2021, l’œuvre est conservée par la galerie d’art Colnaghi, en collaboration avec Filippo Benappi (Benappi Fine Art) et Andrea Lullo (Lullo Pampoulides) », peut-on lire dans un communiqué de presse. Le nouveau propriétaire du tableau, dont l’identité n’a pas été révélée, prêtera l’œuvre au Prado.
Maria Cristina Terzaghi, professeure associée d’histoire de l’art moderne à l’université Roma Tre, et Giuseppe Porzio, professeur d’histoire de l’art à l’université de Naples, comptent parmi les spécialistes qui soutiennent la nouvelle attribution. « La rapidité du consensus sur l’attribution de l’œuvre au Caravage lors de sa redécouverte est absolument sans précédent dans l’histoire critique du peintre [au sujet duquel] les spécialistes ont rarement été d’accord, du moins au cours des 40 dernières années », constate Maria Cristina Terzaghi.
Le tableau devait passer sous le marteau à la maison de ventes Ansorena avec une estimation de seulement 1 500 euros. La peinture de petite taille figurait dans le catalogue en ligne de la vente avec une attribution au « cercle de [l’artiste espagnol du XVIIe siècle] José de Ribera ». Le gouvernement espagnol a ensuite interdit l’exportation de l’œuvre, tandis que le gouvernement régional de la Comunidad de Madrid lui a accordé un classement, la déclarant bien d’intérêt culturel. Des experts du gouvernement régional ont conduit la restauration avec le spécialiste Andrea Cipriani, tandis que Claudio Falcucci a effectué une analyse scientifique poussée de l’œuvre.
Le tableau appartenait auparavant aux trois enfants d’Antonio Pérez de Castro, fondateur de l’école de design IADE à Madrid, et à l’artiste Mercedes Méndez Attard. La provenance du tableau est documentée en détail par le Prado et Colnaghi : le Ecce Homo aurait fait partie de la collection privée de Philippe IV d’Espagne en 1664, et est mentionné plus tard comme ayant été exposé dans l’appartement de son fils, Charles II, de 1701 à 1702.
En 1789, le Ecce Homo a été exposé à la Real Casa del Palacio del Buen Retiro à Madrid. En 1816, l’œuvre est répertoriée dans la collection de Manuel Godoy, secrétaire d’État espagnol de Charles IV. Elle a ensuite été léguée à la Real Academia de San Fernando.
« En 1821, Evaristo Pérez de Castro Méndez, diplomate espagnol et membre honoraire de l’Academia de San Fernando, reçoit cette toile du Caravage en échange d’autres tableaux offerts à l’Académie des beaux-arts. L’œuvre est restée dans la famille jusqu’à ce qu’elle change de propriétaire en 2024 », ajoute le communiqué de presse.
Le Caravage continue de fasciner le public. Ses œuvres sombres et violentes ponctuent la série de Netflix Ripley, tandis que son dernier tableau connu attire les foules à la National Gallery de Londres (« The Last Caravaggio », jusqu’au 21 juillet 2024).