Internationalisation, valorisation, diffusion et accueil constituent les maîtres mots d’Art Brussels, la deuxième Foire d’art contemporain la plus ancienne d’Europe. Elle a toujours eu à cœur de se renouveler pour épouser le plus possible l’actualité de l’art contemporain, depuis ses débuts « belgo-belges » au tournant des années 1970 jusqu’à son statut de foire de référence, devenue incontournable dans le calendrier international.
La fête risque cependant d’être quelque peu assombrie pour tous les acteurs opérant en Belgique. En effet, le ministère des Finances du « Plat Pays » vient de dévoiler un projet de loi faisant passer la TVA de 6 % à 21 % sur la vente d’œuvres d’art à compter du 1er janvier 2025, tandis que chez les proches voisins, comme la France, ce taux n’est que de 5,5 %. Cet effet de distorsion pourrait pénaliser tout l’écosystème du marché de l’art : artistes, collectionneurs, galeries, institutions et foires, telles Art Brussels ou la Brafa. Une pétition circule pour espérer bloquer ce projet de loi, alors que les élections fédérales approchent.
En attendant que les choses se précisent, quelque 176 galeries sont au rendez-vous d’Art Brussels 2024, réparties dans les quatre secteurs de la manifestation. La section Prime, qui compte 119 galeries établies et originaires d’une trentaine de pays, reste l’attrait majeur et la colonne vertébrale de la Foire. Les autres enseignes se répartissent entre les sections Discovery (37 exposants), Rediscovery et Invited (à raison d’une dizaine chacune).
Pour la directrice d’Art Brussels, Nele Verhaeren, cette 40e édition se caractérise par trois aspects principaux : « Une ouverture à plus de galeries internationales, un projet d’art dans la ville de longue durée et une expérience renouvelée de la Foire pour les galeries participantes et, par ricochet, pour les visiteurs. » La directrice insiste sur « la dimension festive de la manifestation, avec l’importance accrue de notre programme VIP et l’effort fait pour l’accueil du public avec une nouvelle terrasse couverte de 500 m2. Des rencontres entre professionnels, qu’ils soient galeristes, collectionneurs ou commissaires d’exposition, sont également prévues et répondent aux attentes de nos divers participants. »
Une stimulation internationale
Parmi les nouveaux exposants, citons les galeries Zander (Cologne, Paris), Steve Turner (Los Angeles), Thomas Schulte (Berlin), Duarte Sequeira (Braga, Séoul), MASSIMODECARLO (Milan, Londres, Paris, Hong Kong, Pékin), Mai 36 (Zurich), Berg (Stockholm), annex 14 (Zurich), Andréhn-Schiptjenko (Stockholm, Paris) et Air de Paris (Romainville). Elles rejoignent de nombreuses autres qui participent régulièrement à la Foire ainsi que la douzaine d’enseignes internationales disposant d’un espace, souvent important, à Bruxelles comme CLEARING (également à New York et Los Angeles), Gladstone (Los Angeles, New York, Séoul), Jaqueline Martins (São Paulo), Nino Mier (Los Angeles, New York, Marfa), Mendes Wood DM (São Paulo, New York, Paris), Nosbaum Reding (Luxembourg) et la récente 10 N (Minorque).
Sans oublier les antennes parisiennes, établies de longue date sur la place bruxelloise, des galeristes Almine Rech, Templon, Michel Rein, Nathalie Obadia, Laurentin, La Forest Divonne et le dernier venu, Christophe Gaillard, qui s’est installé, depuis septembre 2023, dans un hôtel de maître de deux étages. Ses premières expositions monographiques ne sont pas passées inaperçues (avec Stéphane Couturier, Ursula Schultze-Bluhm, Éric Baudart, Marina Gadonneix).
Près d’une vingtaine d’autres galeries françaises se répartissent dans les deux halls d’exposition du Heysel, telles que Ceysson & Bénétière, Lelong, Papillon, Praz-Delavallade, Sator, Suzanne Tarasieve (Paris), Double V (Marseille) ou encore Catherine Issert (Saint-Paul-de-Vence).
À quelques exceptions près – essentiellement pour des raisons de stratégie commerciale ou d’agenda – la plupart des grandes galeries belges sont au rendez-vous. On peut notamment y voir le duo Denicolai & Provoost (galerie LMNO, Bruxelles), membre du collectif Petticoat Government (avec Antoinette Jattiot, Nord et Spec uloos), qui représente la Fédération Wallonie-Bruxelles à la 60e Biennale de Venise.
Une implication renouvelée
Cette 40e édition est surtout marquée par un important travail à l’égard des prix décernés, explique longuement Nele Verhaeren : « C’était un des principaux desiderata des galeristes lorsque nous leur avons demandé les changements qu’ils souhaitaient. Nous avions deux prix, le Discovery Prize (d’un montant de 5000 euros) et le Solo Prize (10000 euros), et nous en ajoutons deux cette année : le Rediscovery Prize doté de 9000 euros et l’Invited Prize, de 5000 euros.»
L’autre grande nouveauté annoncée à l’occasion de cette édition anniversaire est un projet d’art urbain, mis sur pied en collaboration et avec le soutien de la Ville de Bruxelles. Il a une vocation pérenne et devrait être répété annuellement. Comme le rappelle Nele Verstraeten, « pendant plusieurs années, nous avions organisé un parcours de sculpture, le temps de la Foire, dans le parc d’Egmont en centre-ville. C’était assez compliqué du point de vue logistique pour les galeries ; quant au public, il n’était pas forcément au rendez-vous. Ici, c’est quelque chose d’une tout autre envergure ». Concrètement, un appel a été lancé aux galeries participantes pour qu’elles soumettent des noms d’artistes. Un jury chevronné a sélectionné treize propositions sur la base de ces dossiers. Trois nommés sont d’abord retenus, avant la désignation du ou de la lauréat(e). L’artiste choisi se verra gratifié d’une somme de 10000 euros. « Ce qui nous importe ici, c’est de travailler sur le long terme, avec la Ville pour partenaire ; c’est aussi elle qui déterminera le site où l’œuvre retenue sera installée », conclut Nele Verstraeten. Pour une visibilité accrue de l’art contemporain dans l’espace public !
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Art Brussels, 25-28 avril 2024, Brussels Expo, place de Belgique 1, 1020 Bruxelles, Belgique.