Depuis 2022, Art Paris offre aux visiteurs des thématiques artistiques pointues qui embrassent les divers champs de la création contemporaine. Pour la 26e édition de la Foire, le critique d’art et commissaire d’exposition Nicolas Trembley s’intéresse au mouvement Arts & Crafts (« Arts et artisanats »), interrogeant la réappropriation des savoir-faire ancestraux et artisanaux (bois, céramique, verre, textile…) par les artistes modernes et contemporains, et leur revalorisation dans la création actuelle.
« Le mouvement Arts & Crafts a émergé en Angleterre à la fin du XIXe siècle en réaction à l’industrialisation et à la production de masse de l’époque victorienne », explique Nicolas Trembley. Il a été théorisé par un groupe d’artistes dont le chef de file était William Morris, lequel a révolutionné, outre-Manche, les arts décoratifs et souhaitait mettre de l’art dans tout et pour tous. Son objectif ? « Restaurer la qualité de l’artisanat et promouvoir l’intérêt artistique du travail manuel tout en cherchant à abolir la distinction entre Beaux-Arts et arts appliqués. Plus encore, l’idée de la réforme fut d’intégrer de l’art dans tous les aspects de la vie quotidienne, des objets fonctionnels au mobilier et à la décoration intérieure, en passant par les vêtements, les bijoux, tout en valorisant l’utilisation de matériaux qui respectaient la nature, comme le bois, le verre, la laine ou la terre », ajoute le commissaire. Le mouvement Arts & Crafts a largement influencé l’histoire de l’art, le design ou encore l’architecture.
Promouvoir la diversité culturelle
De ce fait, le mouvement Arts & Crafts a largement influencé l’histoire de l’art, le design ou encore l’architecture. Il a également servi de base à d’autres tendances à l’instar du constructivisme russe, du Bauhaus allemand et du mingei japonais (« l’artisanat pour le peuple »), « le dernier courant de l’Arts & Crafts, fondé dans les années 1920 par Soetsu Yanagi », précise Nicolas Trembley. Le style mingei est mis à l’honneur à travers les créations des artistes Shirō Tsujimura (galerie Le sentiment des choses, Paris) et Jane Yang-D’Haene (Bienvenu Steinberg & J, New York). À noter aussi la présence d’œuvres pionnières de l’Arts & Crafts, réalisées par des artistes anonymes, comme Faîte de case, une sculpture d’Océanie de 1920 montrée à la galerie Jeanne Bucher Jaeger (Paris, Lisbonne), ou un ensemble de Ge Ba (« peintures de tissu »), des compositions textiles chinoises que présente Françoise Livinec (Paris, Huelgoat).
Au total, cette présentation intitulée « Art & Craft » comprend vingt galeries. Ces dernières mettent en avant diverses générations d’artistes, de Thomas Bayrle (galerie EAST, Strasbourg) à Sheila Hicks (Claude Bernard) ou Jacqueline et Jean Lerat (Capazza, Nançay, dans le Cher), en passant par Joël Andrianomearisoa (Almine Rech), Jean-Marie Appriou (Perrotin) et Jeanne Vicerial (Templon). Autant de créateurs et créatrices qui s’inscrivent dans la continuité du travail d’artistes pionniers et souhaitent promouvoir la diversité culturelle de leurs différentes pratiques.