La Villa Médicis a annoncé les seize heureux élus du concours des pensionnaires pour l’année 2024-2025. Au terme d’une procédure de sélection pour laquelle 713 dossiers ont été déposés, le jury a sélectionné des candidats s’illustrant dans six disciplines artistiques, et de six nationalités différentes. La nouvelle promotion – qui compte sept femmes, autant d’hommes, et deux personnes non-binaires, avec une moyenne d’âge de 38 ans – sera accueillie à la Villa Médicis, sur les hauteurs du Pincio, dans la Ville éternelle, à partir du 2 septembre 2024 pour y effectuer une résidence de création, d’expérimentation et de recherche d’un an. Les pensionnaires bénéficieront d’une bourse de résidence, d’un logement et d’un espace de travail.
Dans le domaine des arts plastiques, ont été retenus six candidats. Haig Aivazian est un artiste plasticien basé à Beyrouth. Entre 2020 et 2022, il a été le directeur artistique du Beirut Art Center, où il a fondé et dirigé la publication numérique thederivative.org. Son projet de résidence « s’intéresse à la dynamique entre l’obscurité et la lumière artificielle, un puissant faisceau qui façonne et reflète les transactions de pouvoir et de contrôle dans la vie moderne ».
Bianca Bondi, basée à Paris, a exposé à Lafayette Anticipations (2023) et à la Fondation Louis-Vuitton (2021), tous deux à Paris, au Casino Luxembourg (2020) et dans le cadre des Biennales de Lyon (2019), de Busan (2020), et de Thaïlande (2021). Son projet de résidence « prend inspiration dans le concept de réensauvagement, une branche de la biologie de la conservation ».
Nicolas Daubanes, qui vit et travaille à Perpignan, a été lauréat de Mezzanine Sud - Prix des Amis des Abattoirs (2017), du prix des Amis du Palais de Tokyo (2018) et du prix Drawing Now (2021). Il a présenté une grande installation à la Biennale de Lyon en 2022. En 2025, le Panthéon, à Paris, lui consacrera une exposition personnelle. Son projet de résidence « s’articule autour de la prison de Rebibbia, située au nord de Rome, empruntant directement son titre au roman de Goliarda Sapienza, L’Université de Rebibbia ».
Abdessamad El Montassir, né au Maroc, développe une pratique à la croisée de la recherche et de la création en collaborant avec des scientifiques, des citoyens et des militants. Son projet de résidence Âabide l’kadia « se focalise sur les Maddahas, des regroupements de poètes en Mauritanie ».
Amalia Laurent, artiste et chercheuse, vit et travaille entre Paris et Nîmes. Elle réalise actuellement une recherche à l’EHESS autour des liens entre dispositions architecturales et pratiques processionnelles. Son projet de résidence « trouve son inspiration dans l’angklung, un instrument de musique javanais portatif émettant une seule note pour une personne, souvent utilisé lors de processions ».
Clovis Maillet pratique, avec Louise Hervé, la performance, l’installation et réalise des films depuis le début des années 2000. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et a dirigé des numéros de revues scientifiques tout en menant des recherches sur les usages de l’histoire dans l’art contemporain. Son projet de résidence « invite à penser, à partir d’un deuil, une condition historique – celle des femmes et minorités de genre qui pensent la violence et vivent avec les mortes ».
Dans les autres catégories ont été sélectionnés les projets suivants : Jérôme Clément-Wilz écrira un scénario de long-métrage ; le compositeur Pierre-Yves Macé une partition, à l’instar de Claudia Jane Scroccaro ; Ana Vaz travaillera à l’écriture d’un scénario pour une fiction sur l’histoire de la colonisation du Far West brésilien, son lieu de naissance ; Pierre Von-Ow, chercheur en histoire de l’art, se consacrera à deux essais, l’un sur une histoire palpable de la perspective, le second traitant de la circulation des savoirs sur l’anamorphose entre l’Italie, la France, et l’Angleterre ; universitaire, diplômé de l’École du Louvre et docteur de l’EHESS, membre associé au Centre de recherches Historiques, Nicolas Sarzeaud mènera un projet de résidence intitulé Sur les traces du Christ à Rome (XIVe -XVIe siècles) : culte des images et vérité visuelle à la fin du Moyen Âge ; enfin, en littérature, Seynabou Sonko, originaire de la diaspora sénégalaise et basée à Paris, est l’auteure d’un premier roman, Djinns (Grasset, 2023) et musicienne sous le nom de Naboo ; professeure de littérature comparée à l’Université Paris Cité, Lise Wajeman se penche quant à elle sur la littérature et l’art de la Renaissance, et a notamment publié L’Amour de l’art. Érotique de l’artiste et du spectateur au XVIe siècle (Droz, 2015).
Le jury de sélection était composé de Sam Stourdzé, directeur de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis et président du jury ; Delphine Fournier, déléguée aux arts visuels à la Direction générale de la création artistique du ministère de la Culture ; Tiphaine Samoyault, écrivaine et directrice d’études de l’EHESS ; Marie Cozette, directrice du CRAC Occitanie/Pyrénées-Méditerranée ; Sasha J. Blondeau, compositeur ; Joana Hadjithomas, réalisatrice, scénariste et artiste ; Jérémie Koering, professeur ordinaire en histoire de l’art des Temps modernes et chargé de recherche au CNRS ; et Vincent Baudriller, directeur du Théâtre Vidy-Lausanne.
Durant leur séjour d’un an à la Villa Médicis, les pensionnaires côtoieront les résidents, créateurs et créatrices en résidence pour de courtes durées. Au total, près de 70 artistes – pensionnaires et résidents – sont accueillis chaque année à la Villa Médicis.