La collection Barbier-Mueller a fait des étincelles le 6 mars 2024 chez Christie’s. Les cent pièces réunies par Josef Mueller puis Jean-Paul et Monique Barbier-Mueller ont engrangé 73 millions d’euros avec les frais. Soit presque le double du total (37,55 millions d’euros) cumulé par le marché des arts premiers aux enchères en 2023 dans le monde, selon le rapport Artkhade 2024 !
L’ensemble dépasse ainsi les collections Michel Périnet (66 millions d’euros en 2021 chez Christie’s mais pour « seulement » 61 lots) et auparavant la légendaire collection Vérité à Drouot en 2006 (44 millions d’euros). Les trois salles de ventes aménagées à Paris étaient pleines, avec des acteurs du marché de l’art venus des quatre coins du monde, des collectionneurs américains, un Chinois vivant entre New York et Singapour très actif sur les pièces d’art océanien, mais aussi « des Français et des Belges que l’on n’avait pas vus sur le marché et qui se sont montrés très combatifs et à des niveaux très importants », observe le marchand belge Didier Claes. Mais il fallait d’énormes moyens pour remporter les œuvres, dont les plus chères sont souvent parties au téléphone…
Une tête de reliquaire Fang du Gabon, dont l’estimation était « on request », a décroché 14,7 millions d’euros. Un record pour une pièce d’arts premiers, qui représente 50 % de plus ( !) que le précédent record établi à 10 millions d’euros pour une sculpture Fang Senoufo chez Sotheby’s en 2014.
Mardi, chez Christie’s, une statue nkisi n’kondi Kongo s’est envolée à 9 millions d’euros. Un masque Nda Baulé de Côte d’Ivoire a obtenu 6,6 millions d’euros. Un masque du détroit de Torrès, en Australie, s’est vendu pour 5,6 millions d’euros. Un masque Mahongwé-Ngaré du Congo pour 4 millions d’euros ; un serpent Baga de Guinée a atteint 2,46 millions d’euros ; un masque Baulé de Côté d’ivoire a atteint 1,5 million d’euros ; une figure de reliquaire Fang-Mabea du Cameroun a récolté 1,8 million ; un appuie-tête Luba-Shankadi du Congo est parti pour 1,7 million d’euros ; un cimier janus Bangwa du Cameroun pour 1,5 million… « On s’attendait à ce que les objets fassent des prix, car c’est une collection mythique faite sur un siècle. Mais là, les résultats ont dépassé les pronostics. Les acheteurs sont présents pour des pièces de ce haut niveau », note Didier Claes.
De nombreuses pièces y compris en art océanien ont vu leurs estimations pulvérisées, à l’instar d’un tambour livika de Papouasie-Nouvelle-Guinée qui a obtenu 630 000 euros, contre une estimation de 150 000 à 250 000 euros ; d’une statue Wosera de la même région, qui a récolté 579 600 euros ; tout comme un plat des îles Tami évalué de 30 000 à 50 000 euros parti pour 630 000 euros. Un masque Tshokwé d’Angola, estimé de 40 000 à 50 000 euros, s’est envolé à 567 000 euros.
D’après plusieurs sources, il ne serait pas surprenant de voir plusieurs pièces parmi les plus importantes de la vente réapparaître bientôt au Louvre Abu Dhabi…