Ce n’est pas seulement vers l’Espagne que galeristes et collectionneurs convergent début mars pour la 43e édition de la Foire ARCOmadrid, mais aussi vers une large partie de l’Amérique latine. En effet, sur un total de 207 exposants, 40 viennent de 13 pays de cette vaste région, dont l’Argentine, le Brésil, le Mexique… Corollaire des anciennes colonies (du Portugal pour certaines) et zones d’influence, les liens sont aujourd’hui étroits entre eux et la « grande Espagne » ; jusqu’aux grosses fortunes qui ont un pied de chaque côté de l’Atlantique…
Signe que la Foire d’art moderne et contemporain madrilène s’est imposée comme une incontournable porte d’entrée vers l’Europe pour les galeries de ces pays, en 2024, 9 enseignes latino-américaines participent pour la première fois à l’événement, ou font leur retour, dans le secteur principal, après plusieurs années d’absence. Parmi elles figurent kurimanzutto (Mexico), Nora Fisch (Buenos Aires) ou CRISIS (Lima)… Sans compter le secteur Never the same précisément dédié à cette scène (7 galeries locales ainsi que Richard Saltoun Gallery, établie à Londres et à Rome) ou encore le secteur Opening, réservé aux jeunes enseignes, qui accueille 3 galeries de Colombie et d’Argentine.
Explorer les intersections
Plusieurs enseignes françaises font leur entrée à ARCOmadrid cette année, telles que 193 Gallery (Paris) ou Air de Paris (Romainville) dans le secteur principal, ou HATCH (Paris) et SISSI club (Marseille) dans le secteur Opening. Elles retrouvent les parisiennes Bendana-Pinel, Chantal Crousel, Dvir Gallery, Lelong & Co., mor charpentier, Perrotin, Poggi ou Semiose. Outre Perrotin, quelques autres poids lourds internationaux participent à cette édition, tels Thaddaeus Ropac et, pour la première fois, Lévy Gorvy Dayan. Après – naturellement – l’Espagne (35 % des exposants), l’Allemagne et, dans une moindre mesure, l’Autriche représentent des contingents importants. « Leur forte présence, tout comme celle des Français, illustre la nature complexe et spécifique d’ARCO, qui reflète en profondeur les scènes artistiques espagnoles, européennes et latino américaines, lesquelles sont en connexion les unes avec les autres », confie Maribel López, directrice de la Foire. Ce sont ces interconnexions et, pour aller plus loin, les intersectionnalités désormais chères à l’art contemporain qui sont mises en avant cette année à travers les scènes caribéennes. Cela touche à « l’intersection fertile entre la terre et la mer prenant forme à la fois à partir du rivage et vers celui-ci », précisent Carla Acevedo-Yates et Sara Hermann qui assurent le commissariat de la section La orilla, la marea, la corriente : un Caribe oceánico. Et d’ajouter : « Aborder la mer des Caraïbes en tant que telle implique de réfuter sa condition insulaire, fragmentée et déconnectée afin d’approcher sa dimension continentale et réticulaire.» Aussi bien mer et océan, tutoyant l’infini, cet espace ouvert vers la terre et vers le large invite, selon les commissaires, à traiter des notions de fuite, de ce qui est inaccessible, liquide ou encore solide, comme autant de rivages possibles. Tout un programme !
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ARCOmadrid, 6-10 mars 2024, Ifema, avenida del Partenón, 5, 28042 Madrid, Espagne.