En 2006, le Centre Pompidou, à Paris, avait consacré une grande exposition, placée sous le commissariat de Catherine Grenier, à l’émergence de la scène artistique de Los Angeles (1955-1985). La manifestation était alors sous-titrée « Naissance d’une capitale artistique ». Si elle l’a été dans la seconde moitié du XXe siècle, c’est bien grâce à ses institutions – le Getty, le Lacma, le MOCA, le Hammer – mais aussi grâce à la formidable scène de ses artistes qui en ont fait un lieu de bouillonnement à l’identité spécifique, à l’exemple de Chris Burden, Paul McCarthy ou Mike Kelley.
Du point de vue du marché, les choses n’ont pas toujours été aussi dynamiques. Sentant tout le potentiel de la mégalopole, Reed Expositions y a lancé en 2013 le Salon Paris Photo Los Angeles qui n’a jamais réussi à attirer les grands collectionneurs de la Côte ouest, réputés alors pour être plus enclins à acheter ailleurs que dans leur ville. Après trois éditions, la foire a jeté l’éponge en 2016, tout en enterrant en même temps le projet de FIAC Los Angeles qui n’a, lui, jamais vu le jour. C’est finalement une autre foire qui a réussi à s’y implanter en lançant sa première édition en 2019, Frieze, passée entre-temps dans le giron de l’agence de talents Endeavor. Le nouveau salon a ainsi rapidement été arpenté – comme par miracle – par les stars du 7e art, devenant l’un des plus glamour de la planète. Sa 5e édition se déroule cette semaine sur l’aéroport de Santa Monica (du 29 février au 3 mars).
À côté de la foire, c’est aussi tout le paysage des galeries qui a été transformé. La ville où Larry Gagosian a commencé sa carrière a vu Hauser & Wirth s’implanter massivement en 2016, avec restaurant et librairie. Après Downtown, l’enseigne ouvre un deuxième lieu dans le quartier de West Hollywood, avec une exposition de Pat Steir vernie le mercredi 28 février. Le même jour, Perrotin inaugure sa galerie 5036 & 5040 West Pico Boulevard avec l’artiste Izumi Kato. Michael Werner quant à lui va s’implanter en mai à Beverly Hills, proposant une confrontation inédite entre Pierre Puvis de Chavannes et Markus Lüpertz. Cet afflux de marchands ne fait que s’intensifier. Bien d’autres galeries, comme Pace ou Sean Kelly, sont déjà actives sur place, permettant ainsi à Los Angeles de décoller pour de bon.