L’artiste d’avant-garde Sonia Delaunay (1885-1979) a transcendéles frontières entre les beaux-arts et les arts décoratifs, ainsi que les limites géographiques. « S’il est tentant de lire son riche œuvre à travers le prisme de ses origines, l’artiste elle-même, née à Odessa et élevée à Saint-Pétersbourg, a clairement affirmé de son vivant que l’art transcende les frontières et les nations », explique Waleria Dorogova, co-commissaire de l’exposition « Sonia Delaunay : Living Art » au Bard Graduate Center de New York (23 février-7 juillet 2024).
L'invasion massive de l’Ukraine par la Russie en 2022 a mis en lumière la place de Sonia Delaunay dans le contexte historique des deux pays, mais une partie importante de son parcours artistique s’est déroulée à Paris et ailleurs en Europe occidentale.
Issue d’une famille aisée, l’artiste a pu aller étudier à Karlsruhe, en Allemagne, puis à Paris. Associée à l’École de Paris, elle a épousé en secondes noces le peintre français Robert Delaunay, avec qui elle a fondé le mouvement de l’orphisme. Robert Delaunay, disparu en 1941, a écrit à propos du travail de sa femme qu’il « n’emprunte rien au passé et saisit pleinement l’esprit de notre époque ». Waleria Dorogova décrit la recréation par Sonia Delaunay, en 1968, pour la maison Dior, d’une robe qu’elle avait dessinée dans les années 1920 comme étant « tout à fait d’actualité », ses tissus imprimés convenant aux « défilés de demain ».
L’exposition présentera Sonia Delaunay sous l’angle d’une artiste pionnière et d’une entrepreneuse, et montrera comment ses formes avant-gardistes et ses couleurs audacieuses sont un élément clé du canon moderne. Elle comprendra près de 200 pièces réalisées au cours d’une carrière qui s’étend des années 1910 aux années 1970, allant de la peinture à la mode, en passant par le mobilier et même les cartes à jouer. Les principaux prêts proviennent d’institutions telles que le Centre Pompidou et du Palais Galliera - Musée de la Mode de la Ville de Paris.
De nombreux objets n’ont jamais été exposés auparavant aux États-Unis ; d’autres, comme son journal personnel de 1967 avec des compositions à la gouache, n’ont jamais été montrés au public. Le journal est prêté par Patrick Raynaud, artiste et dernier assistant de son atelier encore en vie. Ce dernier a également rédigé un essai qui sert d’épilogue au catalogue de 540 pages qui sortira le mois prochain.
« Delaunay : Living Art », du 23 février au 7 juillet 2024, Bard Graduate Center, New York