Une fresque de Cimabue, artiste du XIIIe siècle, qui a survécu à un tremblement de terre il y a vingt-cinq ans, a retrouvé sa splendeur d’origine grâce à une restauration, pour un montant de 300 000 euros, financée par le constructeur automobile Ferrari. Située dans le transept droit de l’église inférieure de la basilique de Saint-François d’Assise, un lieu de pèlerinage hébergeant notamment des fresques de Giotto, l’œuvre sera officiellement inaugurée le 16 février 2024, après une année de restauration.
La Madone trônant avec l’enfant, quatre anges et saint François (vers 1285-1288) de Cimabue – également connue sous le nom de Maestà di Assisi – représente la Vierge Marie avec l’enfant sur un trône entouré de quatre anges ailés et flanqué de saint François d’Assise, dans ce qui est considéré comme l’une des premières représentations du moine mystique fondateur de l’ordre religieux des Franciscains. Repeinte à la fin du XVIe siècle, la fresque a été restaurée à deux reprises : entre 1872 et 1874, et en 1973. Elle a survécu au tremblement de terre de 1997 qui a provoqué l’effondrement du toit de l’église supérieure adjacente, faisant quatre morts.
C’est la première fois que Ferrari finance une restauration d’œuvre d’art, rapporte la Rai, la radio-télévision italienne. « L’Italie est un pays exceptionnel, célèbre pour son patrimoine artistique millénaire, a déclaré Benedetto Vigna, directeur général du constructeur automobile, dans un communiqué publié en décembre 2022, lorsque le projet a été annoncé. Pour Ferrari, qui appartient à un monde du luxe toujours plus proche de celui de l’art et de la culture, il est important de contribuer à la préservation d’un chef-d’œuvre. »
La pollution émise par les millions de visiteurs annuels avait terni les couleurs autrefois éclatantes de la fresque, a expliqué Sergio Fusetti, restaurateur en chef de la basilique, à The Art Newspaper. En outre, le dessin de certains détails – notamment la barbe et les oreilles de saint François, ainsi que le visage de la Madone et de l’enfant – avait été modifié par les restaurateurs au XIXe siècle. Dans les années 1970, une couche protectrice appelée Polaroid B72 a été appliquée sur la peinture, rendant la surface réfléchissante et jaunâtre sous l’effet de l’éclairage moderne.
Avant la nouvelle restauration, Sergio Fusetti et une équipe de Tecnireco, une entreprise spécialisée dans la restauration du patrimoine culturel basée à Spolète, ont utilisé la fluorescence des rayons X et la spectroscopie infrarouge pour identifier les parties de la fresque d’origine et celles ajoutées ultérieurement. L’analyse a également permis de déterminer les pigments utilisés par Cimabue. Les experts ont ensuite nettoyé la fresque en éliminant la saleté et la couche de protection appliquée dans les années 1970. Pour éviter de peindre sur la fresque originale, ils ont remplacé les pigments qui s’étaient détachés, notamment le pigment azurite utilisé pour le fond, par des couleurs neutres comme le gris. « Nous avons enlevé tous les ajouts faits au cours des siècles », explique Sergio Fusetti, qui ajoute que la peinture a maintenant retrouvé sa luminosité d’origine. « Ce que nous voyons maintenant, c’est l’œuvre originale », se félicite-t-il.
Depuis le tremblement de terre de 1997, le personnel de Tecnireco est chargé de nettoyer une fois par an l’ensemble des fresques, qui couvrent une surface de 10 000 mètres carrés. Le dépoussiérage annuel permettra de maintenir la Maestà di Assisi en bon état, explique Sergio Fusetti. « Nous n’aurons pas besoin de la restaurer avant 60 ou 70 ans, voire 100 ans, ajoute-t-il. L’entretien futur sera donc plus abordable. »